FILS DE PUNK !
1976. Yes et tout le prog' rock, qui squattent alors les charts, n'en finissent pas de sucrer les fraises en rêvant de licornes multicolores quand l'Angleterre s'enfonce dans la dépression et le chômage de masse. Avoir vingt ans ne s'annonce pas comme le plus bel âge de la vie, quand il s'agit de lutter contre l'ennui, de trouver des dérivatifs à une énergie inemployée, à la grisaille ambiante et à la misère rampante – quand il s'agit de cacher les vrais trous dans les futes. Puis l'étincelle salvatrice – no feelings, burnin' London and sniffin' glue –, le punk sort les flingues, avec, pour seuls étendards, les albums des Ramones et des Stooges, les grands frères d’outre-Atlantique. Il faut foutre le feu partout, baiser la vieille maquerelle, tout raser, tout réinventer. 1979. Margaret Thatcher devient premier ministre, le Clash s'en va jouer aux États-Unis, les Pistols ont explosé en plein vol. Le punk est mort ? Vive le punk !
C'est une non-célébration, une anti-commémoration : le punk a quarante ans, et presque toutes ses dents. Alors, pour rendre compte d'une mouvance protéiforme qui, en trois années incendiaires, bouleversa la société dans tous ses aspects, et en faire revivre l'esprit foutraque et juvénile, Stereolux sort le grand jeu : expo de photos inédites, films et bootlegs d'époque, concerts hors et dans les murs (et non des moindres, jugez plutôt : Buzzcocks et Les Olivensteins !), ateliers fanzine et relooking, et une Bordel Party qui porte bien son nom (avec des reprises, très DIY, de tubes punk par des groupes locaux). Pour continuer à brailler « I have the will to survive / I cheat if I can't win / If someone locks me out / I kick my way back in » – tout l'esprit du punk en un couplet. Alors, le punk ? Même pas mort !