Classe Culturelle Numérique : c’est la rentrée !

Depuis 2017, Stereolux s’associe au dispositif de Classe Culturelle Numérique, un outil d’exploration culturelle mettant en relation les élèves et leurs enseignant·es avec des artistes et des lieux culturels pour mener des projets éducatifs et artistiques collaboratifs.

Pour cette nouvelle saison, ce sont les élèves des classes de 4e des collèges Le Haut Gesvres à Treillières et Sainte Madeleine à Nantes qui vont travailler tout au long de l’année avec l’artiste Adeline Praud sur le thème “Des vies au Collège”.

Pourquoi le thème des vies au collège ?

Adeline Praud est une autrice photographe documentaire qui définit le documentaire comme l’opposé de la fiction. Pour elle “cela veut dire qu'un auteur ou une autrice qui fait du documentaire [...] raconte quelque chose sur le monde, à partir de ce qui se vit dans ce monde explore et questionne. [...] un récit documentaire est un récit sur le réel à partir du réel.”.

Ainsi, quand nous avons proposé à Adeline Praud de s’associer à Stereolux pour cette nouvelle saison de Classe Culturelle Numérique, elle a vu ce thème et ce projet comme un pari. Celui que les jeunes élèves avaient des choses à partager et qu’ils et elles étaient les mieux placé·es pour les raconter.

Nous le savons toutes et tous : la vie au collège n'a rien d'évident.
Il s’agit d’une période où l’on quitte progressivement l'enfance pour cheminer lentement vers l'âge adulte. Entre temps, l'adolescence s’y présente comme un espace plein de promesses, mais aussi pétri de nouveaux défis, en partie lié aux formes spécifiques de socialisation complexes de l'adolescence : pression des pairs, recherches identitaires, premiers émois, réseaux sociaux, etc.

Le projet Des vies au collège s'offre donc comme un projet documentaire participatif mené par les principaux·ales concerné·es, mêlant deux médiums artistiques : l'écriture et la photographie.


Et ça leur apporte quoi aux jeunes ?

Au travers de différentes étapes et différentes consignes, ce projet vise plusieurs objectifs pédagogiques :

- Expérimenter la démarche documentaire
- Développer sa culture photographique
- Développer une capacité d'écoute
- Prendre des décisions en collectif qui servent l'intérêt d'un projet global
- Réaliser un travail plastique qui mêle le texte et l'image
- Comprendre que l'intime est aussi politique


Concrètement, il va se passer quoi ?

Chaque trimestre les différentes classes reçoivent de l’artiste une consigne avec un objectif de production attendu. Elles y travaillent durant plusieurs semaines, rencontrent l’artiste pour en discuter tout en ayant accès à plusieurs ressources mises à disposition. Au terme de chaque cycle, elles font un retour à l’artiste qui à son tour commente les différents travaux effectués.

Au terme de l'année scolaire, en juin, une restitution des travaux est prévue. Pour cette saison 23-24, les élèves auront participé à la réalisation collective d'un livre photographique documentaire mêlant des témoignages et des photographies.


Et dans le détail ?

Dès le 16 novembre les différentes classes doivent sélectionner un sujet en rapport avec le thème général : les relations affectives ou le harcèlement.
De ces thématiques peuvent découler des sous-thématiques comme le consentement, le couple, le droit à la différence, la bienveillance, l'usage des réseaux sociaux, etc.
Après le passage en classe de l’artiste, il est demandé de réaliser une mind-map (une carte mentale, un schéma qui permet de représenter visuellement et de suivre le cheminement associatif de la pensée) par classe, autour de la thématique choisie.

La deuxième phase est centrée autour des témoignages. C'est lors de celle-ci que les élèves doivent se mettre dans la peau de documentaristes, voire aussi de sociologues ! Ils et elles doivent ainsi aller à la rencontre de leurs pairs afin de les interroger sur la thématique retenue.
A la fin de cette phase, les élèves doivent remettre à l’artiste un certain nombre de témoignages à Adeline Praud.

Enfin, la dernière partie du travail se focalise sur la narration par l’image. Les classes ayant désormais les témoignages, il leur faut y associer une image. Les élèves choisissent alors un objet en lien avec le témoignage de la personne puis le photographient sur un fond neutre.

C'est le regroupement des témoignages et des travaux photographiques qui constituera l’objet de restitution final : un livre qui sera remis à chacun·e des jeunes élèves/auteur·rices.

Adeline Praud

Adeline Praud est née en 1979 à Nantes. Elle travaille en France et à l’etranger. Après quelques années à l’École des Beaux-Arts de Nantes, elle fait le choix de mettre sa pratique artistique de côté, pour mieux y revenir plus tard. Entre-temps, elle reprend ses études en sociologie et travaille dans le secteur culturel. À partir de 2011, la photographie reprend une place centrale dans sa vie. De 2014 à 2017, elle est membre du collectif Bellavieza. Fin 2016, elle part vivre aux États-Unis pour six mois, avec l’intuition qu’un projet l’y attend. Ce projet s’intitule aujourd’hui A Place I Can Call Home. Elle le développe depuis 2019 dans le Vermont, Nouvelle-Angleterre. La-bas, elle travaille aux côtés de personnes dépendantes aux opiacés (opioïdes et héroïne), en parcours de rétablissement. En mai 2023 est sorti
son premier livre. Il s’intitule Comme une branche de laquelle un oiseau s’est envolé. Ce travail est le résultat d’une résidence de création qu’elle a eu la chance de mener au sein du centre hospitalier psychiatrique de la Ville de Rennes.
Adeline Praud s'intéresse de près aux questions de santé mentale, au féminisme et aux enjeux liés aux rapports de domination. Enfin, désireuse de mobiliser la photographie dans le champ de l’action sociale, elle initie en 2018, la création de l’association L’oeil parlant, dans le but de mettre en œuvre des projets photographiques d’intervention sociale, à destination de publics fragilisés dans une démarche participative d’empouvoirement.