J'ai testé "G5" par Rocio Berenguer

Inscrite dans la programmation “Danse” de la saison 2019/2020 de Stereolux, la performance proposée par Rocio Berenguer vient un peu bousculer la programmation. Car l’artiste ne présente pas ici un spectacle de danse mais plutôt une performance théâtrale, osée et interrogative. Présenté en Première juste deux semaines plus tôt à Paris, au 104, G5 se prépare à tourner dans différents pays. Son passage à Nantes est donc une belle chance pour nous.

Positionner

L’intervention artistique démarre pour le public dès le hall d’entrée avec un questionnaire à remplir et à rendre avant d’entrer dans la salle. Ce questionnaire, diffusé par IOFLE (Interspecies Organisation for the Future of Life on Earth), nous demande de confirmer notre candidature au débat G5, avec diverses déclarations à confirmer ou non. 
Le sujet de la performance se précise alors et on sent bien que le public a aussi son rôle à jouer dedans...

Interloquer

Les créations contemporaines prennent souvent des formes abstraites au niveau de leur mise en scène. Un ordinateur débarque sur la scène et débite une suite de mots. Puis Rocio Berenguer arrive et positionne le public dans le débat qui est proposé. Les humains (nous, le public) sommes ici pour représenter notre règne parmi les cinq règnes qui viennent à débattre dans ce G5.
Entre absurdité et incompréhension, notre coeur balance...

Interroger

Rocio Berenguer ouvre donc la parole à cinq entités : l’humain, le végétal, le minéral, l’animal et la machine. Le débat a pour objet de permettre à toutes ces entités de cohabiter sur la Terre. En milieu de performance, l’artiste vient dans les gradins et interroge le public sur la position que doit prendre l’humanité dans ce débat. À partir de la question “l’humain doit-il modifier son milieu ou s’adapter au milieu?” on se rend compte du vrai sujet de débat au coeur de cette performance.  

Ouvrir

La suite de la performance est faite de différentes interventions d’autres règnes : un être végétal venant semer le trouble sur le débat et dans le public, puis des animaux envahissant la scène, évacués par des machines… Ces séquences m’ont moins parlé mais semblent venir rappeler le déséquilibre et le manque d’entente entre les règnes.

Echanger

La performance terminée, Stereolux proposait un temps d’échange entre Rocio Berenguer et le public. Totalement avare lors du questionnement en milieu de spectacle, le public devient loquace : certains spectateurs osent ici prendre la parole, entre commentaires sur le travail de l’artiste et parallèles sur le monde actuel et futur. Nous avons navigué dans une dystopie un peu sombre mais je l’ai trouvé aussi positive car Rocio Berenguer ose penser à un monde différent où l’humain n’est pas seul à régner. 

J’aurai donc personnellement davantage été interpellé par le fond que par la forme de la performance, mais cela est un des points qui rend l’art intéressant aussi : son message !

Par Sylvain Le Bourdonnec, membre de The Crew