GoGo Penguin

Depuis plusieurs années, Manchester is blue. Rien à voir avec la domination du club de football de City face aux rouges de United : le bleu qui colore les nuages bas de la ville du nord de l’Angleterre est celui de la note, sous les délicats auspices inspirés du combo Gogo Penguin. Depuis une dizaine d’années, ce trio ne cesse de redéfinir l’appellation nu jazz en injectant des volutes électroniques à son précipité piano - contrebasse - batterie. Dans ce fameux variant “nu”, le jazz pactise avec la pop et, s’il peut dans certains cas y brader ses idéaux, les Gogo Penguin eux, l’utilisent pour élargir leur horizon. De fait, en huit albums et autant de tournées mondiales, Manchester n’est déjà plus pour eux qu’un point - bleu, donc - sur l’immense trajectoire qu’ils dessinent.

La musique de Daudi Matsiko, songwriter britannique d’origine ougandaise, est fragile, spirituelle, désarmante et d’une honnêteté saisissante. Des chansons feutrées, chuchotées, caressées… Un chant comme une confession, porté par les cordes à peine effleurées d’une guitare. Chaque note, chaque syllabe, brille par sa présence ou par son absence ; un incroyable et délicat dialogue entre la musique et l’âme de son auteur, dont on ne sait plus bien au fil des écoutes qui accompagne l’autre.
On peut penser à John Coltrane, à cet équilibre entre douceur, douleur et puissance, folk, soul et jazz. Comme un murmure salvateur dans le bruit de fond du monde.