Le Beau Label I Astropolis

Astropolis, l’autre nom de Brest. Le festival pionnier des musiques électroniques en France était déjà un gage de qualité illuminant toustes les artistes y ayant posé leurs platines depuis 1995. La création d’un label maison fut donc une continuation logique pour ces technophiles invétérés. Astropolis records est ainsi devenu la résidence à temps plein de figures telles que Madben ou Blutch en même temps que le temple immatériel d’une musique électronique conservée dans son état de grâce : une techno à la fois radicale et rêveuse, créée exclusivement pour se rassembler.

Le monde de Danny Wolfers est effectivement constitué de petites briques de toutes les couleurs, collectées dans la musique comme dans les images et assemblées avec - peut-être - la langue tendue des bricoleurs les plus méticuleux. Le monde de Legowelt est en effet synesthésique. Il rêve de Detroit comme de Fantasia, s’évade en volutes acides ou fonce vers la nuit sur une “Disco Rout” au revêtement soyeux. Depuis qu’il a mis le contact dans les années 1990, le Néerlandais n’a pas levé le pied une seconde, enquillant les maxis, les collabs, les albums et les tournées. En 2025, le voici au volant d’un euphorisant Synths Below Sea Level, qui compile des tracks inédits produits entre 94 et 2005 et atteste de son immense agilité. 

Les racines marocaines de Zaatar se fraient un chemin à travers les 140 pulsations par minute de sa techno. L’artiste les y invite d’ailleurs volontiers, ce qui a permis à un large public de découvrir l’étonnante fraternité entre le derbouka et le plus martial des toum toum toum. Productrice alchimique donc, mais également DJ habile aux horizons vastes.
Les horizons de Madben, eux, ont longtemps été à chercher du côté des Grands Lacs américains. Detroit, bien sûr, était l’eden à atteindre pour ce producteur originaire de Lille mais basé à Nantes, qui rend hommage aux pionniers dans chacune de ses distorsions mais n’oublie pas de regarder vers l’avant. Adoubé par le grand Laurent, Madben s’installe paisiblement mais assurément dans le paysage électronique français.

Passée notamment par la house, l’UK Garage et la techno, Swooh a arpenté tellement de microsillons qu’elle orchestre désormais un variant électronique dépassant les chapelles pour englober tous les rythmes nocturnes, surtout les plus dopants. Augmenté d’une création vidéo signée Océane Breton, le live de Swooh fraye avec l’hyperpop, la rave et l’univers cyberpunk et redéfinit l’ivresse clubbing : on le qualifie volontiers de “badass”, terme qui serait approprié s’il n’était pas trop souvent dénaturé pour décrire des femmes qui avancent simplement avec fougue. “Magnétique” et “impérieux” semblent plus adaptés.