Festival Scopitone Nuit Electro #2
22h - 05h
La programmation se déployant simultanément en salles Micro et Maxi, votre billet ne vous garantit pas en permanence l’accès aux salles
Cane Corso (NANTES)
Rassurez-vous, iels ne mordent pas. Quant à leurs aboiements techno, leur effet est purement bénéfique. Fondé en 2022 à Nantes, le label veut fédérer la meute d'artistes électroniques aventureux·ses de la ville, et même au-delà. Leurs trois compilations unissent une nouvelle génération autour du terme "hybridclub", invitation aux mélanges et expérimentations. Deux émissaires seront présent·es à Scopitone : Ano Poli, cofondateur et tête pensante du label, et la rennaise Galère Sucrée, également co-fondatrice du collectif Solarium. Partageant un goût pour la bass music et les breakbeats d'outre-manche, ils apporteront leur patte expérimentale et hyperpop pour l'un, teintée de beats afro et latin de l'autre. L'imprévu sera de mise dans ces chocs sonores. De quoi maintenir l'énergie durant toute la nuit.
Crystallmess (FR)
Difficile de résumer son travail. Active depuis plus de dix ans, Christelle Oyiri peut enchaîner un article pour Vice, la musique d'un défilé Nike puis un documentaire vidéo sur le logobi (danse ivoirienne des années 1980) ou une exposition sur les conséquences de l'exploitation des Antilles par la France. Et tout cela en parallèle de ses DJ sets dans le monde entier, dont un aux côtés de Frank Ocean à Coachella en 2023. D'origine guadeloupéenne et ivoirienne, elle a grandi en banlieue parisienne au son du zouk et de la kompa, mais aussi de la Mafia K'1 Fry, Justice ou DJ Mehdi. Sa large connaissance des cultures club se traduit dans des sets où l'étiquette importe moins que l'ambiance. Techno, dancehall, jersey, afro-trance ou shatta, elle sait que toutes ces musiques ont une origine commune. Les croiser librement fait sens - et fait surtout danser.
Cølibri (NANTES)
Le colibri fait sa part, comme le raconte la fable écologiste. Surtout, il trouve sa place. Le producteur a trouvé la sienne à Nantes. Observateur des travers de la mondialisation - et des catastrophes qui en découlent - la musique qu’il en tire s’éloigne de toute forme d’éco-anxiété. Au contraire, son electronica minimaliste aux touches trip hop est apaisante, aussi lyrique que méditative. Mais calme ne signifie pas déconnecté. Son second EP Archipel se base ainsi en partie sur le documentaire Tasiurta, qu’il a coréalisé, qui montre le sort des inuits Kuujjuaq au Québec, délaissés aux abords d’une gigantesque décharge à ciel ouvert. Son nouveau live, accompagné du batteur Félix Faviez aux percussions électroniques, poursuit cette quête d’introspection et de réflexion avec un travail de lumière immersif. L’émotion n'est pas une fin, mais bien un premier pas vers l’action.
dogheadsurigeri (PL)
Comptez sur elle pour le peaktime. Depuis ses débuts en 2018, la DJ polonaise s'est spécialisée dans des sets de techno trance qui frappent vite et fort. Très vite, ses soirées MESTIÇO lui permettent de trouver sa place dans la scène techno de Varsovie, bouillonnante et revendicative. Face à un gouvernement ultraconservateur, elle rejoint le collectif Oramics, dédié à la promotion d'artistes électroniques féminines, trans ou non-binaires d'Europe de l'Est, notamment via des compilations caritatives ou des tables rondes. Désormais basée à Londres après avoir sillonné l'Europe, elle a démontré son talent pour la production avec un premier EP en 2025. Uniquement guidés par sa passion et son instinct, ses DJ sets avancent pied au plancher avec des beats anciens comme modernes qui ne laissent aucun répit.
Duskus (GB)
C'est à la campagne que Duskus a affiné sa house. Rien de paradoxal. Né dans la tranquille Farnham, le producteur anglais découvre la dubstep à 14 ans. Immédiatement, il lâche piano et guitare pour télécharger FL Studios et se lance dans des productions house et EDM. Après des années entre Londres et Manchester, il retourne vivre près de la nature - et trouve son identité. Son EP Healers Vol.1 en 2023, inspiré de la verdure environnante, voit sa dance gagner en sérénité. En profondeur, même. Sans délaisser le dancefloor, le musicien de 28 ans introduit la beauté d'un lever de soleil au sein des murs du club. Fort de cette évolution, on le retrouve avec Fred Again.. sur le titre Glow, aux côtés de Joy Anonymous, Four Tet et son premier héros Skrillex. Capable de remixer Taylor Swift comme Overmono, ses sets convoquent ce même équilibre entre immédiateté et émotion. Une respiration pour l'esprit.
Elli Acula (DE)
La passion finit toujours par payer. Depuis l'enfance, la DJ allemande a patiemment développé sa collection de vinyles techno, avant d'investir l'argent prévu pour son permis de conduire dans ses premières platines. Un choix payant, qui l'amène à devenir directrice de SPANDAU20, le label fondé en 2019 par le duo berlinois FJAAK. Avec elleux, ainsi que la DJ Steffi, elle publie en 2021 son premier single, To The Peak. Le monde découvre alors le talent d'Elli Acula, qui parcours les plus grands clubs et devient même une résidente du club londonien Fabric avec ses soirées Euphoria. Ses sets de pure techno, avec une touche de breakbeat, font revivre un certain esprit de rave. Nul besoin de réinventer le genre : elle sait trouver les tracks les plus percutants pour emporter la foule. Un état d'esprit intemporel, à même de séduire au-delà des fans du style.
Kampire (ZM)
Chez elle, rien ne manque. Amapiano, afrohouse, gqom mais aussi soukous, kuduro ou baile funk, le tout avec une bonne dose de bass music, Kampire tisse des liens entre les styles et époques de toute l'Afrique. Membre essentielle du collectif Nyege Nyege, elle prend une ampleur mondiale en 2018 lors d'un set Boiler Room depuis l'incontournable festival ougandais. De set en set, elle élargit son répertoire et ses contacts, comme le parisien Mo Laudi, la Britannique Brite ou le collectif montréalais Moonshine. En 2024, elle synthétise sa démarche via la compilation A Dancefloor In Ndola. À travers les titres dansants de son enfance en Zambie dans les années 80-90, elle décrit une période d'une grande modernité, et des influences partagées dans des pays éloignés de centaines de kilomètres. Curiosité, esprit de partage et maîtrise technique, le tout avec un sens parfait de la danse : le combo est imparable.
Kiddy Smile (FR)
Où qu'il soit, Kiddy Smile sait d'où il vient - et où il va. D'abord danseur et styliste, il se révèle comme musicien en 2016 avec son single Let A Bitch Know. Avec ce titre, et tous les suivants, il perpétue l'héritage original de la house - celle des ballrooms, du voguing et des DJ afro et queer comme Frankie Knuckles. Plus que le style, il s'en réapproprie la démarche, d'émancipation. Et celle-ci passe par l'affirmation de son identité, à la fois afro, homo et de banlieue. Cette affirmation est la même de la cour de l'Élysée aux concerts de Madonna et Grace Jones, dans le show télé Drag Race France, et plus récemment en clôture des Jeux Paralympiques de Paris. Là-bas comme dans les clubs, il diffuse une joie sensuelle et libre. Car s'il lutte, c'est pour éliminer tous les obstacles à l'amour.
Tshegue (CG)
Les mots comptent moins que la façon de les dire. Si elle chante surtout en lingala, on comprend la rage et l'envie de liberté qui animent la congolaise Faty Sy Savanet. Parisienne depuis ses douze ans, elle rencontre en 2016 le producteur et percussionniste Nicolas Dacunha, dit Dakou. Ensemble, iels façonnent un pont de Paris à Kinshasa. Leur fusion electro-afropunk donne lieu à deux EP en 2017 et 2019, et un retour très attendu en 2024 avec un troisième, ARGENT, suivi du single Plus de place nulle part, premier titre en français. Chaque fois, le tempo s'accélère dans un lâcher-prise délirant. Les riffs groovy et intenses reposent sur des rythmes complexes mais toujours dansants, écrins à une voix passant naturellement du rap au chant. Avec leur groupe, les concerts de Tshegue sont politiques, intenses, mais surtout généreux. Ici, pas de revendication sans exultation.