Stereotrip | Tokyo

Expérimental, avant-garde, underground sont des termes régulièrement utilisés pour définir la scène musicale japonaise. Souvent en opposition au rigorisme social et culturel du pays, des groupes contestataires ou essayant de s’émanciper de la norme locale émergent continuellement.
Qu’ils soient rock, electro, expérimental, pop ou jazz, les artistes développent toustes une spécificité très “japonaise”, une sorte de folie, de différence bien palpable en réaction aux normes (trop ?) strictes, comme cherchant un échappatoire, un exutoire à cette chape de plomb sociale qui les étouffe.
Il en résulte une scène passionnante à la personnalité débordante. Une scène éclectique réunie sous une même bannière : une originalité naturelle et particulièrement attachante.

Si l’originalité méritait des lettres de noblesse, alors il conviendrait d’anoblir Mouse On The Keys sur le champ : deux pianos, une batterie en hymne ; du jazz et du rock en étendard. Cérémonial.

C’est le coup de force du trio – immédiat et instantané – de parvenir à faire sonner des pianos comme des guitares, à jouer du math-rock ou du post-rock avec des instruments de jazz tout en organisant une fusion entre passé et présent (les effluves de musique électronique), efficacité et complexité. La base est harmonique, les mélodies minimalistes, l’exécution est déstructurée. Ce qui fait la maestria du groupe, c’est de ne jamais verser dans l’excès de démonstration, de garder le sens des nuances, pour donner des silhouettes sonores à ses envolées lyriques et des luminosités aux ombres.

Tujiko Noriko est une musicienne, chanteuse, compositrice et réalisatrice franco-japonaise. Découverte en 2000, elle publie son premier album Shojo-Toshi sur le label Mego, lançant une carrière prolifique avec plus de vingt albums salués par la critique (Editions Mego, FatCat, Room 40, PAN). Elle se produit à l’international, notamment dans des festivals comme Sonar, Benicassim ou Mutek, et reçoit une Mention Honorable au Prix Ars Electronica en 2002 pour Hard Ni Sasete. En parallèle de sa carrière musicale, elle coréalise en 2017 le film Kuro avec Joji Koyama, présenté au Slamdance et diffusé sur Mubi. Elle compose également pour le cinéma, la danse, l’animation et les arts visuels, notamment la bande-son du film Surge (Sundance, Berlinale) et l’exposition Audiosphere au Museo Reina Sofia. Son dernier album, Crépuscule I&II, est sorti chez Editions Mego.

Joji Koyama est un réalisateur, animateur et artiste graphique basé à Berlin. Ses courts-métrages, animations et clips musicaux (notamment pour Four Tet, Mogwai et Jlin) ont été projetés à l’international, remportant des prix au London Short Film Festival et aux British Animation Awards. En 2015, il publie son premier recueil de récits visuels courts, Plassein. Son long métrage Kuro, écrit et réalisé avec Tujiko Noriko, a été présenté en avant-première au Slamdance Film Festival et diffusé dans le monde entier sur Mubi.
Travaillant dans une grande variété de médiums et de contextes, ses collaborations récentes incluent un projet audiovisuel live en tournée avec Tujiko Noriko, basé sur l’album Crépuscule I&II, largement salué par la critique.

Projet solo de l’artiste sonore et performeuse tokyoïte Tommi Tokyo (ex membre du duo Group A et moitié du duo ENXIN/ONYX), Tot Onyx aime travailler avec des objets métalliques et son corps. Elle crée des illusions sonores intenses faites de voix saisissantes enfouies au milieu de rythmes percutants, de tensions magnétiques envoûtantes. Adepte du dépassement de soi, sa pratique s’inscrit dans le rejet de la tradition et du cliché qui partagent les principes de négation, de rébellion, de destruction et de détournement. Ses performances live sont une joute noise et poétique, à l’intensité incroyablement virulente.