Accompagné·es par Adeline Praud, les collégien·nes racontent en mots et en images ce qui les traverse
Nous le savons et les élèves le savent : la vie au collège n'a rien d'évident.
Ils et elles quittent progressivement l'enfance pour cheminer lentement vers l'âge adulte. Entre temps, l'adolescence s'offre aux jeunes comme un espace plein de promesses, mais aussi pétri de nouveaux défis, en partie lié aux formes spécifiques de socialisation complexes de l'adolescence.
Cette année, les élèves ont choisi d’explorer les thématiques suivantes : La pression entre pair·es et le corps adolescent.
Menée dans le cadre des classes culturelles numériques*, Nos vies au collège s’offre comme un projet de documentaire participatif, mêlant deux médiums artistiques : l'écriture et la photographie. Au terme de l'année scolaire, à travers plusieurs exercices proposés par Adeline et deux rencontres au sein des établissements, les élèves de cinq classes (dont une classe ULIS) issues de quatre collèges du département, auront participé à la réalisation collective d'un livre photographique documentaire mêlant des témoignages et des photographies. À travers la classe ULIS qui rejoint cette année le dispositif, ce sera aussi l’occasion d’aborder les particularités de l'adolescence lorsque l'on est porteur d'un handicap, le plus souvent invisible.
Le livre de la première édition (dont le design graphique est réalisé par Lucile Bihannic) est d’ores et déjà disponible dans plusieurs médiathèques et bibliothèques du département. L’ouvrage qui sera conçu cette année viendra le rejoindre.
L’idée ?
– Expérimenter la démarche documentaire
– Développer sa culture photographique
– Développer une capacité d'écoute
– Prendre des décisions en collectif qui servent l'intérêt d'un projet global
– Réaliser un travail plastique qui mêle le texte et l'image.
– Comprendre que l'intime est aussi politique
* La classe culturelle numérique est un dispositif qui permet à une classe de travailler avec un intervenant artistique et une structure culturelle associée, avec des outils numériques dédiés. Articulant travail en ligne et rencontres physiques, les échanges avec des artistes en classe et hors les murs sur un temps long permettent de construire des projets interdisciplinaires tout en développant les compétences numériques et en favorisant l'ouverture du collège à son territoire.
La pratique photographique pour mieux appréhender le monde qui nous entoure
À la rencontre d’Adeline Praud
Mon travail interroge la façon dont les systèmes politiques et sociaux affectent les individus qui les composent. Il s’intéresse à l'écrasement produit par les rapports de domination et interroge les notions de responsabilité et de culpabilité. À travers l’esthétique du portrait notamment, il cherche à recomposer des communautés par la juxtaposition des corps dans le cadre d'un travail sériel. Mes travaux visent la réhabilitation de corps qui sont et ont historiquement été renvoyés hors de la norme. Il cherche à produire des images et des récits capables de relier les individus et les communautés pour mieux faire face à ce qui cherche à les dissoudre.
Ma pratique photographique, bien que documentaire, est aussi personnelle. On dit que pour qu'un être humain fonctionne de manière optimale, sa part consciente et sa part inconsciente doivent dialoguer, naturellement. J'émets ainsi l’hypothèse que ma pratique relève, d'un certain point de vue, d'une démarche de résilience ; je cherche probablement à davantage comprendre le monde, pour mieux y trouver ma place.
À plusieurs reprises, j'ai choisi de travailler en immersion longue (France, États-Unis). J'y cherche la porosité des mondes et la confrontation des cultures, qui déstabilisent et confrontent à soi-même ; je considère mes projets, avant tout, comme des aventures humaines. C'est d'ailleurs en compagnie de mes camarades photographes du collectif bellavieza que je découvre tout un pan de la photographie américaine, qui continue de m'inspirer aujourd'hui dans la réalisation de mes séries (Jim Goldberg, Lise Sarfati, Taryn Simon, Alec Soth).
Sans doute la photographie n'est-elle pas assez bavarde pour moi. Ou peut-être est-ce tout simplement mon goût pour l'écriture qui m'amène à vouloir travailler la relation esthétique et narrative que peuvent entretenir les mots et les images. Cette recherche, bien qu'encore en germe, est pour moi essentielle.