Écrans & numérique : que fait l’académie ? De l’éducation aux médias !
L’avis de Nicolas Quatrevaux, coordinateur du CLEMI (Centre de Liaison et de l’Enseignement des Médias d’Information) à l’Académie de Nantes.
Vous êtes « Monsieur média » pour l’Académie de Nantes mais quel est votre périmètre pour l’éducation aux médias ?
J’interviens auprès des enseignants. Tous mais avec une dominante forte sur les enseignants documentalistes qui sont en première ligne face aux élèves sur ce type d’apprentissage pratique. J’organise des formations pour qu’ils puissent proposer aux jeunes des activités qui leur permettront de devenir acteurs, car c’est par la pratique que l’on fait de l’éducation aux médias. Comme aujourd’hui, pour les collégiens et les lycéens, les médias sont surtout liés à internet, nous mettons en place des dispositifs qui mixent l’outil utile à l’outil loisir. En d’autres termes, nous ne pratiquons pas le code mais nous éduquons les jeunes autour d’une réflexion sur la construction des médias, de l’information qu’ils diffusent. Nous leur apprenons à développer leur esprit critique, à prendre du recul. Nous leur apportons une vision globale sur tout ce qui mérite d’être étudié à la lueur d’éclairage plus circonstancié. Savoir faire la différence entre les propos d’un journaliste et ce qui relève de la communication, par exemple.
Et concrètement ?
Concrètement, cela se traduit par beaucoup de projets réfléchis avec des partenaires comme construire un web documentaire ou réaliser une émission pour une web radio. C’est leur apporter des compétences qui feront des élèves des citoyens préparés à la complexité du monde moderne et ce, en leur apprenant à produire des contenus (articles, interviews...), à rechercher des informations fiables et vérifier les sources ou utiliser les images dans le respect des droits. C’est leur apprendre à accéder à des informations de qualité dans leur vie quotidienne.
Mais dans la vie quotidienne, ils sont plus souvent attirés par des contenus loisir ou par les réseaux sociaux... donc par des contenus « faciles » et souvent chronophages !
Lorsqu’un jeune va sur Youtube, par exemple, il peut regarder des vidéos sans fond pour se détendre mais il peut aussi rechercher des contenus plus riches néanmoins considérés comme de loisir. Apprendre à jouer de la guitare chez soi et tout seul, c’est aujourd’hui possible grâce à internet ! En revanche, il est vrai que sur la toile, tout est fait pour que tu y restes. Comme l’objectif est de captiver l’attention, il peut y avoir une tentation addictive qu’il est difficile à l’adolescence de limiter. Pour les réseaux sociaux, on ne peut qu’espérer que la qualité des échanges soit le reflet de l’apprentissage qu’on leur apporte comme les clefs de compréhension et de navigation que, parfois, les parents eux-mêmes ignorent. Nous sommes dans un pays où la liberté d’expression est fortement revendiquée même si elle n’est pas toujours très bien utilisée. Il peut y avoir des dérives d’usage même de personnes publiques. C’est difficile d’intervenir à ce niveau tant le nombre de messages « pollués » abondent et plus on passe de temps sur les réseaux sociaux et plus on voit d’âneries. Notre rôle d’éducateurs mais aussi de parents est de sensibiliser les jeunes à un internet responsable, dans un temps raisonnable, pour le meilleur usage possible. D’autant que nous ne ferons plus machine arrière dans cette société de l’information ultra connectée. Il faut donc apprendre à apprendre toute sa vie et se forger sa propre opinion.
Propos recueillis par Valérie MARION