La scène nantaise va bien - et dans tous les styles

Qu'elle est loin l'époque où Nantes semblait être la "belle endormie". Depuis plusieurs années, on ne compte plus les musiciens et musiciennes de renom qui y naissent. Entre celleux partis et de retour, les artistes toujours là, et bien sûr une relève toujours plus excitante qu'on parle de chanson, rock, electro ou rap, c'est toute une scène foisonnante qui est à retrouver tout au long de l'année à Stereolux. Et dont il sera toujours question dans la salle.

Après les Dominique A ou Jeanne Cherhal, et bien sûr Christine & The Queens, Nantes a continué dans l'émergence d'artistes pop de grand talent, avec dernièrement Silly Boy Blue ou Voyou, tous deux bientôt de retour dans leur terre natale à Stereolux. Et leurs propositions variées, tout en sensibilité brute pour l'une, sophistication roublarde pour l'autre, est représentative de ce qu'on trouve dans la ville. On peut penser à Coline Rio, autre exilée vers la capitale, et sa proposition en français teintée d'électronique, poignante. Ou bien sûr Lenparrot, bon ami de Voyou, bientôt de passage dans la salle pour la release party de son troisième album, toujours dans une pop psyché faussement naïve.

Et que dire si on y ajoute les artistes nazairiens, avec bien sûr l'incontournable Zaho de Sagazan, mais aussi la pop folk psyché d'Hayden Besswood, désormais installé dans notre ville. Les amateurs de folk rock n'ont d'ailleurs pas manqué de remarquer que le genre vit bien à Nantes, que ce soit avec Gaume ou le jeune Neige, qui pratique le grand écart entre sa musique solo et le hard psyché de son groupe Ohm.

C'est que le rock se porte particulièrement bien par ici. Avec Mad Foxes en figure de proue, la scène garage punk a vu fleurir des artistes dont on parlait il y a un peu plus d'un an, et auxquels on peut ajouter les très bons Butterfly Bulldozer, Basic Partner, Soyuuz (mené par des musiciens en situation de handicap) ou les jeunes Treaks, passés aux derniers Inouïs du Printemps de Bourges. Des groupes qui n'ont pas manqué de faire trembler les murs de Stereolux, et qu'on ne manquera probablement pas de revoir.

Et les artistes historiques sont toujours bien présents, côté punk avec les toujours hardcore Stinky, mais aussi metal avec l'excellente formation post-metal Regarde Les Hommes Tomber (et le side project cold wave Sang Froid) ou, dans un tout autre registre, Ultra Vomit. De retour avec une double date les 7 et 8 décembre à Stereolux, le quartet promet de manier avec toujours autant de talent. 

Et même ce qui disparaît ne nous quitte jamais vraiment. Séparé en 2022, le groupe Von Pariahs, incarnation de toute une période du rock nantais, continue pourtant de faire vibrer la scène nantaise à travers une galaxie de nouveaux groupes. Cela commence par Swirls, qui réunit les mêmes musiciens mais dans une autre direction plus groovy, mais on peut y ajouter Robock, projet plus expérimental et électronique, mais toujours aussi intense, ou encore le Green Line Marching Band, étonnante fanfare déambulatoire rock. Et il ne faut pas oublier Paméla, mené par l'infatigable chanteur Sam Sprent avec deux anciens membres d'Inuit (où officiait également Coline Rio).
Beaucoup de ces projets sont d'ailleurs réunis par un autre acteur important de la scène nantaise, l'agence Musazik, qui célébrera ses 20 bougies à Stereolux. Le meilleur de la scène nantaise s'y réunit, qu'il s'agisse de la one-woman-band Miët, du post-punk groovy de French Cowboy & The One (projet né du groupe historique The Rabbits) ou du plus post-rock Fairy Tales In Yoghurt. Hasard du calendrier, ce sont aussi ses vingt bougies que le tourneur Murailles Music viendra souffler dans la salle. Basé à Nantes, il a permis à la France entière de découvrir la fine fleur de la musique expérimentale de l'hexagone et bien au-delà. Et pour fêter cela, l'excellente formation Papier Tigre reprendra du service, elle qui a fait les beaux jours du math rock français avant d'intégrer le projet quadriphonique La Colonie de Vacances.

Mais la force de la scène nantaise est surtout sa diversité, puisqu'on retrouve également une scène électro florissante, avec des producteurs comme Simo Cell, Maelstrom, mais aussi Madben et Atoem (signature du label nantais Yotanka) venus s'installer sur nos terres, sans oublier le collectif de DJ féminin Zone Rouge. Des artistes souvent passés dans Stereolux, notamment lors du festival Scopitone, dont l'édition 2024 accueillera d'autres talents locaux : la jeune Dela Savelli et la formation afro-techno Ago Gazo, signée sur le label Abstrack.

Difficile, enfin, de ne pas mentionner la scène rap et RnB de la ville, en plein essor. Certains noms, comme Neaj ou Coelho, commencent à faire parler dans les sphères mainstream, tandis que les plus connaisseurs n'ont pas manqué le nom de Pumpkin, devenue incontournable dans la ville, et actuellement en résidence à Stereolux. Avec Musazik, celle-ci avait d'ailleurs mené le projet Grand Bruit, réunion des meilleures rappeuses de la ville, parmi lesquelles Shadéblauck ou SUPA. On pourrait y ajouter également la chanteuse RnB Rel Sôli, l'intense projet Uzi Freyja, publié sur le label activiste Warriorecords de l'infatigable Rebeka Warrior. Une manière de rappeler que les grands noms de la ville y restent fidèles, à l'image de 20syl, déjà au travail sur un autre projet après Altta, aux-côtés du saxophoniste Christophe Panzani. Après tout, difficile de vraiment quitter une ville avec une telle effervescence créative.