Rock ! Une histoire nantaise : Laurent Charliot et Pierre Chotard racontent
Du 24 février 2018 au 10 novembre 2019 le Château des ducs de Bretagne accueille une exposition pharaonique sur le rock nantais des années 1960 à nos jours. Depuis des mois, Pierre Chotard, responsable du service des expositions temporaires au Château, et Laurent Charliot, commissaire de l'exposition et auteur de plusieurs ouvrages sur le rock nantais, ont récolté une multitude d'objets collectors ! Cette exposition marque également la sortie du dernier livre éponyme de Laurent Charliot, et une programmation riche en événements tout au long de la période, dont une grande soirée d'inauguration le 23 février à Stereolux avec, sur scène, plus de 25 artistes nantais de toutes générations.
Laurent, après avoir publié La Fabuleuse Histoire du Rock Nantais, vous revenez avec Rock ! Une histoire nantaise. C'est encore plus de recherches historiques, de mises à jour, un complément de l'histoire musicale moderne de Nantes ?
Laurent Charliot : Oui, tout d’abord parce que près de 15 années se sont écoulées depuis la sortie de La Fabuleuse Histoire, que beaucoup de choses se sont passées depuis, beaucoup de nouveaux artistes sont apparus, mais aussi et surtout parce que les recherches et rencontres faites autour du projet de l’exposition m’ont apporté beaucoup d’infos et d’archives complémentaires. J’ai donc tout réécrit, tout revu et puis surtout le livre est tout en couleur.
D'un côté un livre, de l'autre une exposition exceptionnelle qui occupera le Château des ducs pendant un an et demi. Comment s'articulent ces deux projets ?
Laurent : Ils sont pour ma part très liés, j’ai écrit le scénario de l’expo, et c’est ce scénario qui a dicté l’envie de faire un nouveau livre, car le découpage de l’expo est différent de celui « décennie par décennie » que l’on avait dans mon premier ouvrage. Ici, on se cale sur des périodes musicales.
Pierre Chotard : Ce sont aussi les musiques actuelles qui s’invitent dans un musée d’Histoire ! C'est une aventure passionnante, faites de réflexions, de mises au point entre les équipes du musée, Laurent et le scénographe Pascal Payeur pour produire un projet original, instructif et ludique. Pour le Château, c’est également apporter sa vision : le patrimoine de la ville s’étend logiquement à cette matière sensible qu’est la musique. C’est aussi un vrai challenge, que de répondre à un commissaire tel que Laurent, exigeant et enthousiaste ! Vous allez également découvrir le mode d’écoute inédit que le Musée a conçu pour l’occasion, nous en sommes très fiers !! (Mais chut !)
Le concert inaugural de l'exposition, déjà "sold out", affiche une programmation très spéciale. D'autres rendez-vous musicaux sont-ils à venir ?
Laurent : Oui, l’exposition dure plus d’un an et demi, nous proposerons des concerts et conférences durant toute sa période d’ouverture.
Pierre : Les six premiers mois d'ouverture de l'expo seront déjà l’occasion de programmer de nombreux rendez-vous, tous annoncés lors du lancement le 23 février. Ensuite on va décliner une programmation jusqu’en novembre 2019.
Pierre : Je suis spécialement sensible à la formule que nous allons initier avec les deux premières conférences-concerts acoustiques grâce au soutien de Stereolux. Nous aurons également des échanges fructueux avec Trempolino, à l'occasion de la Fête de la musique avec les lauréats de son festival MAD (Musique A Découvrir). On mesure à quel point on a de la chance, à Nantes, de pouvoir s’appuyer sur de tels partenaires qui ont une véritable conscience de leur dimension patrimoniale. Mais ces relations ne naissent pas de nulle part : les publics de Stereolux et du Château savent bien par exemple que les deux institutions sont partenaires dans le cadre du festival Scopitone depuis 10 ans…
Quel est votre objet préféré collecté ?
Laurent : Pour ma part, j’étais comme un gamin lorsqu’on m’a remis la coupe, le trophée donc, remporté par les Rapaces en 1962 pour le premier concours de guitare aux Salons Mauduit.
Pierre : Les objets et les témoignages des pionniers du rock nantais sont sans nul doute à part car on sent une grande complicité, vraiment sympathique, tant d’années plus tard. Ce qui m’a paru le plus remarquable, c’est la découverte de costumes de scène improbables de toutes époques, ainsi que des fétiches, que cette expo a fait émerger.
Pouvez-vous citer 10 titres que vous ajouteriez sans hésiter à une playlist pour illustrer Rock ! Une histoire nantaise ?
Laurent : Il y aurait des pionniers comme Zig Zag, car c’est impressionnant d’imaginer ce que ce doit représenter d’être le premier groupe d’une ville à sortir un disque. Il y aurait aussi des gloires des années 80 comme EV, Zoopsie, Cauda Draconis, Picasso y Los Simios ou l’Orchidée. Il y aurait bien sûr le premier album de Dolly, et encore plus surement un titre de l’album Vers les lueurs de Dominique A. Il y aurait certainement un titre de Minitel Rose aussi. Et bien sûr, il y aurait le plus beau morceau de l’histoire du rock nantais, « Rainy Day » des Blisters…
Pierre : Ça c’est plutôt une question à poser Laurent, car c’est lui qui est le grand manitou de cette expo !! On a d’ailleurs décidé ensemble de le mettre un peu en scène ; dans l’expo, Laurent écrit, commente, passe des coups de téléphone, etc. Dans l’équipe du Musée, il y a des fans inconditionnels de quasi tous les groupes, connus et moins connus. Ce que permet l’expo, justement, c’est de découvrir les valeurs sures, mais aussi de s’intéresser à toute une série de lieux, de générations et de noms moins en vue qui font aussi le Rock à Nantes. C’est conçu comme une balade dans une autre histoire de Nantes, sur les soixante dernières années.