Wallace Cleaver, l’empreinte d’une génération

Dans une petite salle blanche au 4ème étage de Stereolux, entourées de 8 enceintes et autour de deux laptops, ils nous racontent leur recherche.

À une époque où le rap se réinvente sans cesse, une nouvelle génération d’artistes redéfinissent les contours d’une scène musicale toujours plus riche et diverse. Ce renouveau musical reflète une volonté collective d’explorer les limites du genre et d’en proposer des versions hybrides, parfois à mi-chemin entre différents styles musicaux. Certains artistes, à l’instar de Gen, Asinine ou encore H Jeune Crack, accordent une importance centrale aux paroles, mettant en avant une écriture soignée qui complète l’hybridation de leur musique. Parmi eux, Wallace Cleaver se démarque par un style à fleur de peau avec lequel il séduit par sa capacité à retranscrire des émotions universelles. 

Actif depuis 2017, Wallace Cleaver fait ses premiers pas en groupe aux côtés de AnNie .Adaa. Après quelques EPs en solo, il sort CAUCHEMARD en 2021, un premier album où il confirme ses qualités de lyriciste. Depuis, il n’a cessé d’être productif à raison d’un projet par an. Ses deux derniers albums, baiser (2023) et merci (2024), ont confirmé sa place d’artiste à suivre de près. En mars 2023, Wallace Cleaver enregistre le 57e épisode de la série de freestyles du média Grünt dans lequel il s’entoure d’artistes de sa génération avec Sto, Selug et AnNie .Adaa, mais aussi d’aînés avec Sheldon et Keroué. Il démontre une capacité à fédérer autour de son univers tout en mettant en avant son goût pour la technique et la performance. Se rapprochant d’artistes avec qui il partage ses influences, il collabore avec Jolagreen23 sur le morceau “JOUR J” ou encore Mairo avec le morceau “le vent”.

L’artiste originaire de Loir-et-Cher puise une grande partie de son inspiration dans ses racines. Il dépeint avec sincérité le quotidien d’une France rurale. Dans “est-ce que je l’aime ?”, il confie : « J'ai grandi à un endroit où en fait y avait même pas d'trains / Où ça hurlait si, sur la table, moi et ma sœur on retournait pas l'pain. », ou encore « J’viens d’une ville où les gens sont moins radiés par la centrale que par le Pôle emploi » dans le freestyle Grünt. Cette fibre littéraire s’exprime particulièrement dans des morceaux comme “merci pour la douleur” ou “marcel.”, dans lesquels il rappelle la sobriété d’un poème. Wallace Cleaver privilégie un style épuré, souvent porté par les productions de PR, un producteur qui l’accompagne sur la quasi-totalité des morceaux depuis son premier album, jouant un rôle essentiel sur l’identité sonore de l’artiste. Ensemble, ils ont fondé leur propre label BORO en 2022, renforçant leur direction artistique commune.

Ne se limitant pas à un style de productions, Wallace Cleaver retranscrit ses émotions sur une rythmique jersey avec le morceau “déconnecté” ou drill avec Django pour “benelli828”. Ces explorations sonores lui permettent de varier les ambiances sans forcément desservir le texte de ses morceaux. Il développe ses expérimentations en s’associant avec le producteur Ocho pour proposer une version Chopped & $crewed - une technique de remix qui consiste à ralentir les morceaux - de ses projets 41BORO (2022) ou À la recherche du temps ralenti (2022).

Après avoir rempli La Gaîté Lyrique en novembre 2023, puis L’Olympia en septembre 2024, Wallace Cleaver livre sur scène une prestation qui détonne de l’air calme de ses morceaux. Capable d’enchaîner des morceaux puissants avant de retrouver ses ballades introspectives, cette dualité reflète sa capacité à jongler entre différentes facettes de sa personnalité artistique, le présentant ainsi comme un performeur complet.

Wallace Cleaver s’inscrit dans la lignée des artistes qui défendent une identité affirmée à travers leurs clips. À l’instar de Luidji pour les morceaux “Alexis” et “Téléfoot” ou de PNL avec la série “Naha”, “Onizuka” et “Bené”, Wallace Cleaver a présenté son court-métrage “merci” pour son dernier album. Une occasion de partager ce moment avec son public via une séance unique au cinéma dans différentes salles en France.

À seulement 26 ans, Wallace Cleaver a su s’imposer comme une figure montante, incarnant une génération d’artistes qui explore les frontières de leur musique. Avec des projets réguliers, une écriture subtile et une direction artistique soignée, il confirme qu’il est bien plus qu’un simple rappeur. Son parcours ne fait que commencer, mais son empreinte, elle, s’annonce déjà durable.


En attendant, Wallace Cleaver continue de faire résonner sa musique dans les salles de sa tournée ; il sera de passage à Stereolux le 22 janvier 2025.