Festival Scopitone Chapitre 3 : Echos du futur

Exposition Prophéties
Gratuit
jeu. & ven. de 13h00 à 20h30 | sam. de 11h00 à 20h30 | dim. de 11h00 à 19h00
ouverture officielle le mer. à 18h30
Carte Stereolux

Technologies numériques et quêtes prophétiques semblent, de prime abord, dessiner les contours de l’inconnu, rendre le possible intelligible. Mais à y regarder de plus près, elles donnent à voir ce qui s’agite dans les plis du présent... nos angoisses latentes, nos désirs inavoués, nos espoirs obstinés. Un premier scénario consiste en un monde automatisé, régi par les machines et les données, comme le suggère l’installation Taotie (Thomas Garnier), qui met en scène des zones déshumanisées redéfinissant avec froideur nos rapports au travail, au temps et à l’espace. Automatic War et UAV Factory (Alain Josseau) appuient également ce constat en questionnant notre rapport à la production de l’information - ici à travers un faux journal télévisé - dans un contexte d’automatisation généralisée et de guerre.

Un deuxième scénario évoque un monde où la nature reprendrait ses droits, après avoir longtemps cédé du terrain au numérique. Au bord du temps (Gwenola Wagon & Pierre Cassou-Noguès) rappelle un principe de réalité : le numérique et sa logique de filtre ne permettent jamais de saisir pleinement le réel. Dans cette même veine, Augures (Thomas Garnier) souligne combien l’IA générative alimente un vertige : celui d’un champ des possibles infini, mais aussi, paradoxalement, d’un enfermement des formes et des récits. 

Enfin, un dernier scénario se dessine : celui d’un monde hybride où l’humanité et les technologies ne feraient plus qu’un. A Bestiary of the Anthropocene (Disnovation.org) dresse un inventaire des créatures hybrides de notre époque. Dans la conférence artistique Misunderstandings (Rocio Berenguer) de nouvelles formes de communication entre humains et non-humains sont envisagées, explorant la rencontre avec des altérités radicales. Trois esquisses de mondes possibles, donc, qui tendent finalement vers une même ambition : réintroduire du trouble, du sensible et du poétique dans nos existences… pour, dès à présent, mieux habiter notre monde.

Thomas Garnier
(FR)

Augures (2024)

Halles 1 & 2

Augures présente une série d’images générées par une IA entraînée à partir de gravures et d’illustrations des XVIIIe et XIXe siècles, représentant des paysages luxuriants. En écho à cette esthétique, l’artiste revisite la technique de la lithophanie, ces plaques translucides en relief qui révélaient ses dessins par le jeu de la lumière. Réalisées en impression 3D et éclairées par un système électronique, Augures renoue avec cette tradition. Chaque composition mêle des paysages anciens à des éléments issus d’environnements technologiques et déshumanisés : centres de données, fermes de crypto-monnaies ou entrepôts logistiques. Dans ces fictions anachroniques, des câbles se fondent dans les lianes et les vignes. S’agit-il d’un futur post-humain ou d’un passé oublié ? D’un monde qui nous précède ou qui nous succède ? En donnant naissance à une iconographie à la fois nouvelle et profondément référencée, l’IA générative alimente un vertige : celui d’un champ des possibles infini, mais aussi d’un enfermement des formes et des récits. 

Thomas Garnier est artiste plasticien. Il développe une pratique à la croisée de l’art contemporain et de la recherche, où se déploient des paysages miniatures en béton automatisés, des images en boucle de ruines ou encore des projections d’ombres mouvantes. À travers ces dispositifs, il explore un monde à la dérive, saturé de temporalités et de techniques multiples. En 2019, le festival Scopitone présentait son installation Cénotaphes.

Une co-production : 
Biennale Nemo, 104, Paris
Werktank, plateform for Media Art, Louvain, Belgique
Festival Scopitone, Stereolux, Nantes, France

Avec le soutien de :
Galerie Fernand Léger, Ivry sur Seine, France

Remerciements :
Gilles Alvarez, Clara Chalou, Anne-Laure Belloc, Kurt D' Haeseleer, Zeng Ye, Nicolas Guichard, Hedi Saidi

Taotie (2022)

Galerie de l'Ordre des Architectes

Taotie est une installation qui réinterprète les théâtres d’ombres populaires du XVIIIe siècle à l’ère des infrastructures logistiques automatisées. Une plateforme robotique en mouvement éclaire progressivement un paysage de sculptures filaires imprimées en 3D, évoquant l’architecture massive et répétitive des dark factories, ces entrepôts sans présence humaine, conçus pour fonctionner 24h/24 dans l’obscurité. Les structures, sans cesse réagencées, projettent au mur un monde d’ombres entrelacées, de grilles mouvantes, de volumes instables. Taotie donne à voir l’inquiétante étrangeté de ces espaces déshumanisés et interroge la manière dont ces nouvelles zones de production, à la fois opaques et proliférantes, redéfinissent nos rapports au travail, au temps et à l’espace. 

Thomas Garnier est artiste plasticien. Il développe une pratique à la croisée de l’art contemporain et de la recherche, où se déploient des paysages miniatures en béton automatisés, des images en boucle de ruines ou encore des projections d’ombres mouvantes. À travers ces dispositifs, il explore un monde à la dérive, saturé de temporalités et de techniques multiples. En 2019, le festival Scopitone présentait son installation Cénotaphes.

Une production Crossedlab

Equipe technique: Sylvain Garnavault, Nicolas Guichard

Avec le soutien de :
Fond Dicréam, Centre National du Cinéma
Fond SCAN Rhône-Alpes
Galerie Fernand Léger, Ivry sur Seine, France
iMAL, Centre d'art des cultures digitales et de la technologie, Bruxelles, Belgique
Biennale Chroniques, Marseille, Aix en Provence, Avignon, France
Festival (Un)holy Light & ville de Louvain, Belgique

Remerciements :
Julien Taib, Sani Marcovici, Nicolas Guichard, Paula Zeng, Hedi Saidi, Jean Michel Albert, Mathieu Vabre, Ludivine Pangaud,  Ana Ascencio, Juliette Bibasse, Marnix Gybels, l’équipe de la Villa Belleville, l’équipe de la Fruitière Numérique, la fondation Fiminco, Brice Pavageau, Vincent Morin, Quentin Levent

Alain Josseau
(FR)

Automatique WAR (2018)

Automatique WAR (2018)

Halles 1 & 2

L’installation Automatique WAR construit en temps réel un faux journal télé sur la robotisation et la guerre. À partir de maquettes, d’extraits de journaux réels et de traitements vidéo, l’œuvre brouille les frontières entre fiction et réalité. Trois zones composent le dispositif : des maquettes animées de zones de conflit actuelles (Syrie, Yémen, Pakistan), filmées par des caméras de surveillance ; une projection d’images recomposées aléatoirement et filmé par un robot XY; et un journal télé, entièrement fabriqué par des machines. Présentatrice, reporters et plateau semblent authentiques, mais les erreurs d’incrustation ou les voix décalées révèlent le simulacre. Seuls les textes lus sont réels, issus de véritables JT traitant des drones et de l’automatisation de la guerre. En mimant les codes médiatiques, l’installation dévoile les mécanismes de la fabrique des images d’actualité. À l’heure de la post-vérité, Automatique WAR confronte de manière radicale les spectateur·rices à leur conception de la réalité et à leur rapport à l’information.

Coproduction Seconde Nature, réalisée dans le cadre de la plateforme de production Chroniques, soutenue par la Région Sud, coordonnée par Seconde Nature et ZINC.
 Constructeur et assistant à la réalisation : Guilhem de Gramont et Loic Bollati

UAV Factory (2025)

Halles 1 & 2

UAV Factory est une chaîne mécanisée de 10 mètres dédiée à la production, à la destruction puis au reconditionnement de drones de combat miniatures (échelle 1/10). Cette installation participe à l’élaboration du faux journal télé généré dans Automatique WAR. Inspirée de l’esthétique industrielle, l'œuvre met en scène des maquettes de drones Shahed 136 qui défilent sur des tapis roulants devant des postes automatisés simulant leur assemblage, leur anéantissement, leur reconstruction. Métaphore du cycle militaro-industriel, cette chaîne donne à voir une guerre moderne sans fin. Elle évoque aussi la virtualisation croissante des conflits : drones interposés, armes autonomes, guerre à distance… Le tout dans une frénésie visuelle nourrie par l’économie médiatique et ses réseaux.

Alain Josseau explore les croisements entre fiction et réalité à travers des dispositifs inspirés du cinéma, des médias et des jeux vidéo. Il s’intéresse à la manière dont ces différents univers se contaminent et s’hybrident. Son travail questionne notre rapport à l’image et à l’information, notamment face à la numérisation du monde et la représentation des conflits contemporains marqués par un degré d’abstraction jamais atteint (réduction des distances, opérabilité instantanée, précision optoélectronique et simulation). Pour Scopitone, l’artiste, diplômé des Beaux-Arts de Nantes, réunit ces deux installations Automatique WAR et UAV Factory, en une seule grande machine.

 

Réalisé avec le soutien du Centre national des arts plastiques et la coproduction de Stereolux.


Constructeur et assistant à la réalisation : Guilhem de Gramont et Loic Bollati

Gwenola Wagon & Pierre Cassou-Nogues
(FR)

Au bord du temps (2025)

Halles 1 & 2

Au bord du temps revient sur les incendies de 2022 qui ont ravagé la forêt des Landes, réduisant en cendres près de 30 000 hectares de pins et entraînant l’évacuation de milliers de personnes. Si les caméras de surveillance, plantées le long de la plage, s’arrêtent, les images prises par les touristes et pompiers sur place sont diffusées sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle générative semble permettre de générer ce qui resterait invisible. Et même plus largement de raconter l’histoire de la forêt des Landes, depuis le paysage dunaire d’avant la plantation des pins jusqu’à sa disparition dans le réchauffement climatique. Mais la démultiplication des images, sur les réseaux sociaux comme dans les IA génératives, n’est-elle pas aussi leur destruction, l’effacement même du statut d’archive dans un énorme divertissement ? Comment savoir si ces images réussissent à montrer la réalité plus qu’humaine de la crise environnementale ou si celle-ci se masque dans des effets de filtres un éternel présent.

Gwenola Wagon est artiste et enseigne à l’Université Paris 1. Son travail imagine des alternatives et des récits paradoxaux pour appréhender le monde numérique contemporain. Pierre Cassou-Noguès est philosophe, écrivain et professeur à l’Université Paris 8. Ce duo a réalisé plusieurs oeuvres (Chroniques du soleil noir, 2023 ; Les Agents, 2022) et a publié le livre Images pyromanes, théorie-fiction des images génératives (UV éditions, 2025).

DISNOVATION.ORG
(FR/PL/CA)

Bestiaire de l'Anthropocène (2017-2025)

Halles 1 & 2

Le Bestiaire de l'Anthropocène cherche à saisir ce moment charnière où la biosphère et la technosphère s’enchevêtrent jusqu’à former un seul corps. Que se passe-t-il lorsque les technologies sont si omniprésentes qu’il devient impossible de distinguer le « naturel » de l’artificiel ? Quels nouveaux spécimens peuplent aujourd’hui notre planète ? Inspiré de leur livre le Bestiaire de l’Anthropocène (2021), cette installation dresse un inventaire des créatures hybrides de notre époque : plastiglomérats, chiens-robots de surveillance, arbres-antennes, aigles anti-drones… Composée de séquences filmées aux quatre coins du monde, ce diptyque vidéo esquisse le portrait d’une cohabitation étrange entre humains et êtres technobiologiques, révélant l’esthétique et la violence de cette ère où la nature fusionne avec les conséquences des activités humaines. Le Bestiaire de l’Anthropocène pose, en creux, une question redoutablement simple : que signifie habiter notre monde à l’ère de l'anthropocène ?

DISNOVATION.ORG est un collectif d’artistes composé de Maria Roszkowska, Nicolas Maigret, et Baruch Gottlieb. À la croisée de l’art contemporain, de la recherche critique et du hacking, il développe des œuvres qui traduisent des débats éco-sociaux complexes en dispositifs parfois provocateurs. Leurs projets, tels que la série d'œuvres Post Growth (2018-2025), Life Support Systeme (2018-2021) ou The Solar Share (2024-),  prennent la forme de laboratoires expérimentaux axés sur l’énergie, l’économie ou l’écologie. En détournant les imaginaires dominants, DISNOVATION.ORG agit comme un catalyseur pour imaginer des futurs divergents à la logique technocapitaliste.

Installation et vidéo issues du livre éponyme de Nicolas Nova & DISNOVATION.ORG
Essai vidéo, 2 canaux 4k, audio stéréo, 15 minutes (pour 2 écrans 4k synchronisés)
Conception, design, musique, montage : DISNOVATION.ORG 
Recherche & livre : Nicolas Nova & DISNOVATION.ORG 
Design & illustrations : Maria Roszkowska (DISNOVATION.ORG)
Livre original publié par Onomatopee, Eindhoven
Version française publiée par Art&Fiction, Lausanne
Essai vidéo co-commissionné par le Max Ernst Museum, Brühl

Rocio Berenguer
(ES)

Misunderstandings (2025)

Beaux-Arts Nantes Saint-Nazaire

Misunderstandings est une conférence artistique où il est question de cailloux de compagnie, de technologies prédictives du Moyen Âge et d’apprendre à parler extraterrestre... Elle retrace l’histoire de la divination et des pronostics, une obsession humaine de prévoir l’avenir, commune à toutes les cultures. À chaque époque, des techniques sont inventées pour apprivoiser l’inconnaissable (ce qui échappe, par essence, à toute connaissance). Aujourd’hui, des technologies toujours plus sophistiquées - à commencer par l’intelligence artificielle - bouleversent nos repères, mettent nos cadres de pensée à l’épreuve. L’IA est devenue un miroir déformant de nos limites cognitives et culturelles, mais aussi un terrain fertile pour entrer en relation avec l’inconnu. Comment les technologies oraculaires redessinent-elles notre manière de ressentir le monde ?

Rocio Berenguer est autrice et metteuse en scène. À travers des récits prospectifs, elle explore les imaginaires du futur, avec une attention particulière portée aux enjeux technologiques et écologiques. Ses créations - parmi lesquelles G5 (2020) et Homeostasis (2016), déjà accueillies à Stereolux - mêlent théâtre, danse, vidéo et arts numériques. Depuis 2013, elle développe une pratique à la croisée de l’art et de la science, autour de dispositifs interactifs, de modèles de langage, de robots ou encore de chatbots, comme en témoigne l’installation BOT°PHONE (2022) ou son projet à venir Alienus (2026) intégrant plusieurs oeuvres dont Misunderstandings.

Partenaires :
MC2 Grenoble, STEREOLUX, Nantes, La Chartreuse, Avignon, CentQuatre, Paris, Forum des Images, Paris, USEFUL FICTIONS, Paris-Saclay et CWB, Paris, Matrice, Paris, LE CUBE, Ile-de-France, SIANA, Essonne, AADN, Villeurbanne, Villa Créative — Avignon Université, Crossing Paralels, Delft Pays-Bas, Alliance Française de Quito, NewImages Festival, Universidad de las Américas (UDLA)

Partenaires scientifiques :
COLLÈGE DES BERNARDINS, Paris, UNIVERSITÉ DE LA ROCHELLE, UMR SANPSY CNRS Bordeaux, SCAI Centre d’intelligence Artifi cielle de la Sorbonne, Paris. TU Delft, Pays-Bas.