ouverture officielle le mer. à 18h30
Technologies numériques et quêtes prophétiques semblent, de prime abord, dessiner les contours de l’inconnu, rendre le possible intelligible. Mais à y regarder de plus près, elles donnent à voir ce qui s’agite dans les plis du présent... nos angoisses latentes, nos désirs inavoués, nos espoirs obstinés. Un premier scénario consiste en un monde automatisé, régi par les machines et les données, comme le suggère l’installation Taotie (Thomas Garnier), qui met en scène des zones déshumanisées redéfinissant avec froideur nos rapports au travail, au temps et à l’espace. Automatic War et UAV Factory (Alain Josseau) appuient également ce constat en questionnant notre rapport à la production de l’information - ici à travers un faux journal télévisé - dans un contexte d’automatisation généralisée et de guerre.
Un deuxième scénario évoque un monde où la nature reprendrait ses droits, après avoir longtemps cédé du terrain au numérique. Au bord du temps (Gwenola Wagon & Pierre Cassou-Noguès) rappelle un principe de réalité : le numérique et sa logique de filtre ne permettent jamais de saisir pleinement le réel. Dans cette même veine, Augures (Thomas Garnier) souligne combien l’IA générative alimente un vertige : celui d’un champ des possibles infini, mais aussi, paradoxalement, d’un enfermement des formes et des récits.
Enfin, un dernier scénario se dessine : celui d’un monde hybride où l’humanité et les technologies ne feraient plus qu’un. A Bestiary of the Anthropocene (Disnovation.org) dresse un inventaire des créatures hybrides de notre époque. Dans la conférence artistique Misunderstandings (Rocio Berenguer) de nouvelles formes de communication entre humains et non-humains sont envisagées, explorant la rencontre avec des altérités radicales. Trois esquisses de mondes possibles, donc, qui tendent finalement vers une même ambition : réintroduire du trouble, du sensible et du poétique dans nos existences… pour, dès à présent, mieux habiter notre monde.