Nuit électro : N'to - Lindstrøm - Club cheval - Petit biscuit - Mykki blanco...

N’To est né au cœur de la face cachée de Marseille, entre les reliefs inédits de la musique électronique et différentes strates (swing des années 30, hip-hop, trip-hop, pop, jazz, soul, musique classique et rock progressif) qui se révèlent à qui les sonde. Insatiable explorateur de ses propres passions, N’To est un compositeur hors pair. Il émet un son travaillé à l'extrême et très personnel : pointilliste, pur et rapide, ciselé avec un sens aigu du détail minimal (quoique onirique) et de la rythmique « hungry » et tapageuse. Il déstructure les sons, trahit nos habitudes et livre en dernier ressort quelque chose d’absolument cohérent, qui est la marque des plus grands !

Plus de dix ans que la Norvège doit gérer les problèmes de surchauffe de ses clubs et de ses festivals. Plus de dix ans que Hans-Peter Lindstrøm rappelle à tout le monde que le disco game est dirigé par les Vikings. Fer de lance de l’incontournable label Smalltown Supersound, le producteur, aussi sexy que sa musique, plane sur 2016 avec une série de titres stratosphériques, qui prouvent que sans mélodies assumées, la puissance n’est rien. Jamais on n’aura eu aussi hâte d’écouter de la disco.

OK, il est (très) jeune mais, surtout, il survole déjà la mêlée avec une facilité déconcertante. Mehdi Benjelloun n’a pas (encore) le bac, collectionne les écoutes par centaines de milliers sur son compte SoundCloud, et on l’imagine avoir du mal à gérer sa toute fraîche célébrité au self-service du lycée. On compatit mais dans ce cas il n'avait qu'à pas prendre du rab de la génération beatmaking française (Fakear, Superpoze…) pour y faire pousser quelque chose de plus onirique encore, gorgé de Nils Frahm et d’élégance classique dans des morceaux qui, on en est sûrs, vont en jeter sur scène. Pour le bac, on verra après Scopitone.

Ce type ne fait rien comme tout le monde. Défenseur de la cause LGBT aux États-Unis, rappeur aussi fêlé que confiant en son attitude, Mykki Blanco n’a sûrement pas plu à tous les conservateurs du hip-hop à son arrivée dans le game. Qu’importe, on peut assumer de vouloir faire de la trap avec un côté sexy et mettre un bon coup de pied dans la fourmilière – son premier album, produit par Woodkid, devrait affoler la rentrée. Sur scène, Mykki Blanco est connu pour ses tenues affriolantes et son attitude provoc’, qui font de lui une quasi-rock star du hip-hop. Inratable !
 

Il est romain, il a la classe, il est funky sans être funk et dans le futur tout en gardant son rétro en vue. Bref, Rodion a tout compris pour composer la musique la plus large et originale possible, un tour de force qu’il réussit parfaitement avec son dernier album en date, Generator, condensé de pop cosmique tout droit venue d’un trou noir qui relierait 1978 à 2057. Pas besoin de combinaison de cosmonaute toutefois, Rodion s’apprécie aussi sur un dancefloor moite, où son italo-disco en trio fait merveille.

La force d’Oscar Powell ? Appartenir à un genre musical qu’il a lui-même généré. Oui, il est possible de danser sur les mécaniques musicales étranges que bricole ce producteur anglais. Mais il est possible de vivre bien d’autres aventures cérébrales avec lui, notamment à l’écoute de son tube Sylvester Stallone, pépite de post-punk électronique désaxé. Cela faisait longtemps que la musique de club n’avait pas réussi à être aussi ludique et expérimentale à la fois. Impossible de ne pas aller vérifier la véracité de cette alliance contre-nature en sa présence...

Le sillon des beatmakers est toujours aussi fécond. Et la nouvelle perle de production en la matière nous vient de Belgique. Stereoclip, avec son premier album, confirme tous les espoirs que l’on plaçait en lui. Quelque part entre slow house langoureuse, electronica profonde et influences quasi folk, il réussit là où beaucoup échouent : créer des atmosphères qui lui sont propres, extrêmement imagées et propices aux évasions mentales. À apprécier les yeux fermés… ou grands ouverts, c’est comme vous voulez.

Le clubbing, c’est l’hédonisme, la communion, les paillettes et les glowsticks ? Certes, mais il serait dommage d’oublier la saveur de son côté obscur. La très jeune DJ et productrice belge Charlotte de Witte, du haut de ses vingt-trois ans, n’est pas du genre à prendre sa musique à la légère, bien au contraire. Chez elle, ça cogne, ça vous hypnotise et ça vous enveloppe d’une nappe de brouillard qui vous perd d’autant plus dans les méandres musicaux qu’elle prend plaisir à construire pour vous. OK, on ne rigole pas chez Charlotte, mais on danse sans aucune retenue.

Elle l’a cherché, son chemin musical. Et elle a fini par le trouver. La voie de l’Allemande Ann Clue, qui a fini par tomber amoureuse de la musique électronique après avoir tenté de nombreuses expériences sonores, c’est celle d’une tech-house aux basses rondes et puissantes. Il faut que ça groove ! Si elle n’a pas l’expérience d’une routarde du deejaying (et ça se discute, vu le carnet de voyage qui est le sien depuis un an), elle fait partie de ceux qui privilégient l’expression émotionnelle et les mélodies assumées. La techno a encore le droit d’être fédératrice !