Lab Digital Maroc : Rencontre avec Reda Boudina et Yasmine Elharizi
L'Institut Français du Maroc a mis en place le Lab Digital Maroc, un espace dédié à la convergence et à la réflexion des créateur·rices de productions multimédia au Maroc. Ce laboratoire offre un programme d'accompagnement personnalisé en partenariat avec des références françaises, permettant ainsi la concrétisation de projets innovants et le développement des techniques d'expression numérique des artistes et des jeunes talents marocain·es. Ouvert à tou·tes les résident·es du Maroc, qu'iels soient artistes, producteur·rices, créateur·rices, start-ups ou étudiant·es, le Lab Digital Maroc s'intéresse aux projets novateurs dans les domaines de l'animation, de la bande dessinée, de la réalité immersive, du jeu vidéo et des arts numériques. Les lauréat·es de l'édition 2022, Yasmine Elharizi et Reda Boudina, bénéficient du soutien de l'Institut des Beaux-Arts de Tétouan, de l'Institut Français du Maroc et de Stereolux. Iels ont récemment participé à une résidence de création de deux semaines.
Retour sur leur expérience !
Pouvez-vous vous présenter ? Puis nous décrire le processus de sélection auquel vous avez participé pour être choisi·es pour cette résidence à Stereolux ? Quelles étaient les différentes étapes du processus de sélection ?
Reda : « Je m'appelle Réda BOUDINA, je suis un artiste visuel émergent et diplômé de l'Institut National des Beaux-Arts de Tétouan, promotion 2019. Depuis, je travaille sur un projet qui s'inspire de l'architecture brutaliste au Maroc. J'ai pu développer différentes formes d'expression artistique à travers plusieurs résidences artistiques, concours et expositions. Ma démarche de recherche repose sur l'utilisation de diverses techniques, à la fois traditionnelles et numériques, telles que le dessin, la peinture, la sculpture et la création numérique à l'aide de logiciels. Le processus de sélection était similaire à tous les appels à candidatures dédiés aux artistes. J'ai soumis un dossier comprenant les documents demandés, tels que la présentation du projet, le portfolio, la biographie, la lettre de motivation, etc. Après une présélection, j'ai eu une réunion sur Zoom avec l'équipe du Lab Digital Maroc et de Stereolux, au cours de laquelle j'ai présenté mon projet en détail et échangé sur les aspects spécifiques. »
Yasmine : « Je suis Yasmine El Harizi, une artiste franco-marocaine née en 2001 à Rabat, au Maroc. Je suis actuellement en dernière année de l'Institut National des Beaux-Arts de Tétouan, où je me spécialise dans le thème de la métamorphose à travers mes œuvres. Depuis mon enfance, j'ai toujours été passionnée par les arts visuels. Après mes études, je compte poursuivre ma formation, participer à des résidences artistiques, des expositions individuelles et des collaborations avec d'autres créateur·trices. Mon objectif ultime est de faire connaître mon travail à un public plus large et d'éveiller des réflexions et des émotions à travers mes créations. »
Pouvez-vous nous parler de votre œuvre en cours de réalisation ? Quel est son concept ou sa thématique principale ?
Reda : « Il s'agit d'une installation de mapping vidéo qui met en scène une sculpture bas-relief en bois sur le sol, accompagnée de projections de formes hybrides numériques, d'abstractions et de fragmentations géométriques complexes et dynamiques inspirées de l'architecture brutaliste du Maroc. Je suis intéressé par ce mouvement artistique en raison de son caractère expérimental, de son approche novatrice et de la position de ses précurseur·ses. Cette esthétique m'a tellement attiré que je ne pouvais plus m'en détacher, ce qui en a fait mon sujet de recherche principal. La forme de la sculpture est un fragment de plusieurs bâtiments brutalistes, et la projection est synchronisée avec une musique composée par un producteur. (La sculpture que je présente à Stereolux n'est qu'une maquette, la forme finale sera en bois et sera présentée en octobre au Musée d'Art Moderne de Tétouan.) »
Yasmine : « L’œuvre en cours est intitulée « Biomorphisme », il s’agit d’une série d'animation d’hologrammes 3D présentant une créature hybride mi-humaine, mi-racine et qui ne cesse de changer à chaque animation. Le concept principal de cette œuvre est celui de la métamorphose, cette dernière réside dans la fusion de deux entités qui, a priori, n'ont rien à faire ensemble. La représentation visuelle où la partie humaine et la partie racine coexistent dans un même corps, crée ainsi une forme hybride impossible à observer dans le monde réel. »
Comment l'environnement de la résidence à Stereolux influence-t-il votre travail artistique ? Quels sont les avantages ou les possibilités offertes par cet espace et les ressources mises à votre disposition ?
Reda : « J'ai adoré l'énergie qui règne à Stereolux et la qualité des événements qui ont lieu chaque semaine. Cela m'a motivé à aller jusqu'au bout de mon projet et à revenir à Stereolux avec un autre projet. L'environnement de la résidence offre un cadre propice à la créativité et à l'expérimentation. »
Yasmine : « La résidence à Stereolux a eu un impact significatif sur ma pratique artistique, en me permettant de travailler dans un environnement fertile et inspirant, propice à la créativité. La résidence m'a aussi permis de cultiver une vision plus réfléchie de mon travail, en veillant à ce que la manipulation sonore soit cohérente avec le thème abordé. Grâce à l'accès à de nombreuses ressources techniques, j'ai pu renforcer la qualité de mon travail et explorer de nouveaux supports. L'avantage clé de cette résidence réside également dans l'opportunité d'échanger et de collaborer avec les professionnel·les de Stereolux. Iels m'ont témoigné un soutien constant tout au long de la résidence. Le partage de mes idées m'a permis d’avoir une meilleure vision de mon travail et les possibles interprétations qu'a chacun·e de cette expérience... »
Quel rôle joue la dimension numérique dans votre pratique artistique ? Comment intégrez vous les technologies numériques dans vos œuvres ?
Reda : « La dimension numérique joue un rôle essentiel dans ma pratique artistique. Après avoir suivi une formation en mapping vidéo l'année dernière à Lille, cette expérience constitue ma deuxième incursion dans l'art numérique. Ces dernières années, j'ai ressenti une forte envie d'intégrer une dimension numérique immersive à mes projets, afin de découvrir et d'expérimenter de nouveaux horizons artistiques. Dans mes œuvres, j'intègre les technologies numériques de différentes manières. Par exemple, dans mon projet actuel, j'utilise le mapping vidéo pour projeter des formes numériques hybrides et des abstractions sur ma sculpture en bois. Par le biais de logiciels de création numérique, j'explore de nouvelles possibilités créatives, des nouvelles façons de manipuler la lumière et de créer des expériences pour le spectateur·rices. En résumé, la dimension numérique est devenue un élément essentiel de ma pratique artistique. Elle me permet d'élargir mes horizons artistiques, d'explorer de nouvelles techniques et de créer des œuvres qui allient esthétique traditionnelle et innovation numérique. »
Yasmine : « La dimension numérique est un aspect clé de ma pratique artistique, car elle me permet de repenser et de réinventer les supports artistiques classiques grâce aux possibilités offertes par les outils numériques. Je suis constamment en train d'explorer les caractéristiques de chaque nouveau support et de les adapter à la conception de mes œuvres, en exploitant les possibilités créatives quasi-infinies offertes par les technologies numériques. J'aime créer des paysages sonores immersifs et susciter des expériences multi-sensorielles pour le public. Cela me permet également d'explorer de nouvelles formes d'expression artistique, en intégrant des éléments interactifs et immersifs dans mes œuvres.
