Nouvelle identité de Stereolux, entretien avec Chevalvert
Si la saison 2024-2025 de Stereolux est la 14ème c'est aussi pour nous celle du Cheval(vert) ! On a souhaité vous en dire plus sur celles et ceux qui nous ont refait le portrait et que vous retrouverez aussi tout au long de la saison à Stereolux autour du workshop et expositions.
1 - Chevalvert, qu’est-ce que c’est ?
Chevalvert est un studio de design visuel basé à Paris. La singularité du studio se caractérise par son rapport à l’image, orienté objet, systémique, où le processus compte autant que le résultat. Les productions du studio se déploient dans les domaines du graphisme, de l’interaction, de l’édition, de la vidéo et des installations spatiales et interactives.
2 - Depuis plusieurs années, Chevalvert et Stereolux cultivent des appétences et domaines d’intérêts communs. Cela nous a amené à plusieurs reprises à travailler ensemble (workshops, conférences, installations, expositions...). Pouvez-vous revenir sur quelques collaborations ?
Sous la forme de workshop ou d'exposition, nous avons eu de nombreux échanges basés sur le long terme avec Stereolux. C’est rare et précieux. Nous partageons aussi ce type de relation avec certains clients et institutions. À contre-courant des temps courts ou des « one shot », nous valorisons cette façon d’appréhender le design et la production artistique, dans la durée et la confiance. En interne avec l’équipe c’est aussi sur ce principe que nous développons le studio.
Avec Stereolux, nous avons multiplié les collaborations depuis 2014.
2014 : Présentation de l’installation MURMUR (2013) durant le festival Scopitone
2016 : Workshop Stéréo-signes « Et si nous fossilisions nos données », une collection de signes graphiques sensibles à des capteurs
2017 : Design graphique pour le cycle thématique de conférences Art, Design & Intelligence Artificielle
2017 : Workshop « Machine Jacking », sur le détournement des IA à des fins de générations graphiques
2018 : Workshop Wip Map, cartographie générative
2018 : Présentation de l’installation STRATUM durant le festival Scopitone
2019 : Bassins de Lumière (projet Art/Science avec le CRENAU)
2020 : Conférence Open-Talk (sur l’invitation de Martial Geoffre-Rouland)
2022 : Workshop « l’aléa comme moteur de création »
3 - Comment ces expériences ont-elles influencé la refonte actuelle de l’identité visuelle ?
Les collaborations au fil des années nous ont permis de comprendre le lieu et son évolution sans le côtoyer quotidiennement. Ça peut-être difficile d’aborder la conception d’une identité visuelle sans connaître réellement le lieu mais ici, nous savions que Stereolux est plus qu’un lieu programmant des artistes (ce qui est déjà génial), mais aussi un espace polymorphe et évolutif qui propose des actions culturelles diversifiées tout en étant homogènes. Cette notion d’espace et d’adaptativité a été l’une des bases fondamentales dans la création du logotype et de son application.
4 - Expliquez-nous en quelques mots le processus de création qui a mené à ce résultat.
Sur chaque projet d’identité visuelle, nous prenons le temps d’analyser la demande initiale.
La complexité lors de cette étape est de faire ressortir un concept auquel le commanditaire n’aurait pas forcément pensé et qui susciterait la surprise tout en étant en phase avec les directions issues du brief. Une fois le concept défini, nous prenons beaucoup de temps à produire des recherches graphiques. C’est souvent assez joyeux et chaotique à la fois, sans but précis, mais nous nous fixons comme contrainte de rester proche du concept que nous avons défini. D’ailleurs, nous partageons ces recherches avec le client afin qu’il puisse comprendre la ligne directrice du projet proposé et les choix que nous envisageons.
5 - Qu’avez-vous essayé de transmettre avec ce nouveau système visuel ?
Nous voulions avant tout représenter la notion d’espace évolutif. Montrer que le système visuel s’adapte, change et occupe les surfaces avec fluidité et douceur. Le logotype peut s’étirer et se déformer pour s’adapter aux divers formats. Il devient un repère, un espace modulable qui accueille les différentes informations. C’est une sorte de tuteur sur lequel les informations viennent prendre vie et évoluer.
Une des notions importantes issues du brief était de penser principalement l’identité visuelle comme un objet en mouvement. Nous avons essayé de traduire cette notion en apportant des comportements au système visuel, tout en faisant écho à un lieu qui bouge, un lieu qui rassemble pleins de types d'événements et de publics.
6 - Dans le prolongement de celui-ci, une exposition est prévue dans le hall de Stereolux à partir du mois d’octobre. Comment vous êtes-vous emparé de cet espace ?
Nous souhaitions que ce moment soit l’occasion de partager les processus et la méthode utilisée pour la création de l’identité. Des recherches, en passant par la formalisation du signe Stereolux et jusqu’aux animations vidéos, il nous semblait intéressant de «mettre à plat» ce cheminement créatif que l’on a rarement l’occasion de partager.
L’espace en lui-même est défini par deux zones, l’une en fond de salle qui accueillera ce processus sous la forme imprimée et animée, l’autre proche du bar qui abritera des expérimentations graphiques issues de cette recherche sous la forme d'affiches.
Ces deux zones seront complémentaires et résonneront l’une avec l’autre de la même façon de ce que nous tentons de faire au studio entre rationalité et gestes plus instinctifs.
7 - Dans ce nouveau programme trimestriel, à chaque édition, un·e artiste se verra confier la réalisation de visuels pour les trois volets au verso de la partie calendrier. Pour cette première brochure, c'est assez naturellement que nous vous avons sollicité. Pouvez-vous nous en parler ?
En jouant avec la notion du cadavre exquis, chacun·e d’entre nous à réalisé plusieurs visuels assez simples, que nous avons ensuite fusionnés ensemble, créant un visuel riche, abstrait et qui offre la possibilité au spectateur d’y plonger.
Nous avons travaillé à plusieurs sur la conception de l’identité visuelle et c’est pourquoi nous voulions que cet aspect collaboratif transparaisse dans le(s) visuel(s) proposé(s) dans la brochure. Chaque personne du studio a apporté de la matière graphique et/ou visuelle que nous avons fusionnée par la suite. Cette approche, similaire à celle du cadavre exquis, nous a permis de concevoir beaucoup d’images. L’idée de ce visuel était de traduire la notion de fête, de joie et d’effervescence tout en laissant la possibilité au spectateur·rice de s’y plonger et d'interpréter à sa façon.