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Gratuit
Du mer. 18 Au dim. 22 sept. 2024

Quand les corps se soulèvent

Partie 1

Certains phénomènes, qu’ils suivent une logique immuable ou qu’ils défient les lois de la physique, élèvent les objets et les êtres vivants. Cette lévitation incarne l'évasion en même temps qu’un ordre naturel (Lingjie Wang et Jingfang Hao, Falling and Revolving). Qu'elle soit le fruit d'une technologie avancée (Mihai Grecu, Série Desert Spirits) ou d’une odyssée dans l’immensité de l’Univers (Marie Lienhard, Logics of Gold / Aki Ito, Félicie d'Estienne d'Orves, Jean-Philippe Lambert - Astérismes / Guillaume Marmin, Oh Lord), elle éveille notre curiosité et permet de prendre du recul sur notre existence.

Jingfang Hao & Lingjie Wang (CN)

Falling and Revolving (depuis 2013)

• Halles 1 & 2

L’installation Falling and Revolving invite à nous questionner sur les mutations subtiles de la Nature. Ici un tapis mécanique achemine des graines d’érable. Dans ce circuit fermé, les organismes végétaux sont transportés en hauteur puis sont lâchés, tourbillonnant élégamment jusqu’à revenir à leur point de départ. Cette boucle perpétuelle contraste avec le cycle des saisons, changeant et immuable par définition. L’usage d’un dispositif froid issu de l’industrie renforce ce sentiment étrange. Imperceptible à nos yeux, l’installation évolue malgré tout : comme tout être vivant les graines subissent une lente décomposition, leurs teintes évolueront avec le temps. Dans ce jeu d’opposition, les artistes explorent la profondeur de nos émotions face à la Nature et les effets provoqués par l’activité humaine. 

Jingfang Hao et Lingjie Wang obtiennent leurs diplômes d’ingénieur·e en conception industrielle en Chine en 2007, puis poursuivent une formation artistique en Master à l’École supérieure d'art de Lorraine jusqu’en 2012.  Les deux artistes ont notamment participé à la Biennale de Lyon en 2017. Il et elle utilisent la photographie, la vidéo et l’installation et proposent un dialogue entre le rationalisme occidental et l’onirisme de la culture chinoise. Leur corpus artistique, à l’image de Sun Drawing (depuis 2012) ou Rainbow (depuis 2013) s’attache aux changements imperceptibles de la nature, par des jeux d’ombres et de lumière. 


Falling and revolving
dimensions variables
profilé d'aluminium, moteur, bande de PVC, matériaux mixtes
© Photo : Rafael Roncato

Mihai Grecu (RO)

Desert Spirits (2024)

• Halles 1 & 2 

Desert spirits est une série de vidéos créées par l’artiste Mihai Grecu à l’aide d’une intelligence artificielle. À mi-chemin entre land art et science-fiction, ces paysages fantasmagoriques sont avant tout des œuvres contemplatives. Elles représentent pour l’artiste des métaphores de l'interconnexion du Monde : végétation, fluidité de la matière, géologie en lévitation, espace artificiel, mouvements… Explorant la notion d’ “espace latent” de l’IA, c'est-à-dire de l’espace multidimensionnel où les données sont codées de manière compacte et abstraite, Mihai Grecu interroge sur “l'âme de la machine" et ses capacités de permutations infinies. Ces paysages imaginaires et synthétiques témoignent avec poésie d’un lien profond, quasi métaphysique, entre Nature et technologies.

Mihai Grecu est plasticien et réalisateur. Il est diplômé du Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains. Oscillant entre cinéma expérimental et créations en images de synthèse, son travail met en perspective des visions oniriques traversées par des allégories politiques (We’ll become oil, 2013…), des architectures modifiées et des personnages-symboles (Coagulate, 2008 ; Saturnism, 2020…). Son travail filmique et artistique a été présenté et primé dans de nombreux festivals et institutions (Festival du Nouveau Cinéma à Montréal, Clermont Ferrand, Videobrasil, Grand Palais à Paris ou Ars Electronica à Linz…).


Mihai Grecu 2024, courtesy of Data Galerie Paris

Marie Lienhard (FR/EN/DE)

Logics of Gold (2018)

• Halles 1 & 2

Un ballon d’hélium doré s’élève depuis la Terre et filme à 360° son environnement. Une fois dans le ciel, le Monde devient de plus en plus petit. Notre habitat cohabite avec l’infiniment grand. Quelque 35 km en altitude, arrivée dans la stratosphère, la ballon explose répandant des fragments d’or avant de retomber sur Terre. A travers un dispositif de réalité virtuelle, Logics of Gold invite les spectateur·rices à ressentir physiquement les sensations de cet incroyable voyage en apesanteur. L’artiste Marie Lienhard ouvre une réflexion sur nos limites physiques et la manière dont les technologies peuvent les dépasser. Habile métaphore, l’explosion du ballon et la dissémination des particules dorées nous invite à repenser les origines des éléments sur Terre et notre connexion profonde à l’Univers.

Marie Lienhard est diplômée des Beaux-Arts de Stuttgart. Sa pratique protéiforme - installation, réalité virtuelle, performance, photographie, dessin - est animée par une fascination pour la perception humaine. Son travail est exposé dans des lieux culturels de référence (ZKM de Karlsruhe, ]Interstice[ à Caen, l’Espace multimédia Gantner à Bourogne...). Comme dans Shared Wings (2021) ou Crossing Limbo (2019), il se distingue par un équilibre fragile entre mouvements, phénomènes optiques et questions de société.


L'œuvre Logics of Gold appartient  à la collection de l'Espace multimédia Gantner/ Conseil Départemental du Territoire de Belfort.

Aki Ito, Félicie d'Estienne d'Orves & Jean-Philippe Lambert (JP/GR/FR)

Astérismes (2024) | Création

• Galerie Mélanie Rio Fluency  
• Accès  libre en continu le jeudi 19 septembre de 18h à 21h dans la limite des places disponibles

Les astérismes sont des représentations figuratives que les humains tracent à l’intérieur d’une ou plusieurs constellations, à l’image de la Grande Casserole dans la constellation de la Grande Ourse. L’installation transpose cette idée à travers un dispositif sonore immersif et interactif. Ici les sons sont distribués sur les smartphones du public et sur haut-parleurs. Chaque spectateur·rice déambule librement et devient une source sonore indépendante, lié·e par l’observation et l’écoute de soi et des autres. Chacun·e est unique, tout en faisant partie d’un grand mouvement, comme des étoiles reliées à des constellations. Astérismes est une œuvre aux croisements des arts visuels et sonores. Elle s’intéresse à la lenteur, au minimalisme, à la frugalité et la délicatesse pour une exploration contemplative en orbite.

Aki Ito est compositrice. Elle a suivi ses études en composition et en orchestration au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Parallèlement à ses créations instrumentales, elle s’est orientée vers  la musique électronique et l’étude d’un système temporel inspiré de l’astronomie. 

Félicie d'Estienne d'Orves est une plasticienne reconnue à travers le Monde (Centre Pompidou à Paris, au Sonic Acts à Amsterdam ou à l’Aram Art Museum à Goyang…). Depuis 2014, les recherches de l'artiste se concentrent sur l'espace en relation avec l'astrophysique et sur l'étude des cycles de la lumière naturelle. 

Jean-Philippe Lambert réalise un travail pluriel en tant que créateur, directeur technique ou interprète. Il effectue en parallèle, des recherches à l’Ircam (depuis 2001). Il collabore actuellement au framework Soundworks, utilisé par Astérismes, qui permet de réaliser des interactions distribuées sur téléphone. 


Composition : Aki Ito
Recherche sonore : Jean-Philippe Lambert
Artiste plasticienne : Félicie d’Estienne d’Orves

Une production : Hexagone Scène nationale


En coproduction avec l’IRCAM - Centre Pompidou, Chroniques, Biennale des Imaginaires Numériques et Stereolux dans le cadre de la Plateforme CHRONIQUES CRÉATIONS, Césaré – CNCM de Reims et Stereolux 
Avec le soutien de la Maison de la Musique Contemporaine, la Fondation Daniel et Nina Carasso et l’Atelier Arts Sciences

Remerciement : Galerie Mélanie Rio Fluency

Guillaume Marmin (FR)

Oh Lord (2023)

• Allée Frida Kahlo

Des premières prises de vue réalisées par l’astronome français Bernard Lyot aux clichés haute définition délivrés par la NASA et le satellite SDO, plus d’un siècle d’imagerie solaire est aujourd’hui à notre disposition. Ces observations aident à prévoir les évolutions de l'activité solaire qui influence directement la vie terrestre et ses transformations. Née d’une collaboration menée avec l’Observatoire de Paris Meudon et l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble, Oh Lord s'appuie sur plus de 15 000 images provenant de différentes bases de données et compilées à l’aide d’un programme informatique. L’installation restitue et met en scène ce matériau qui témoigne des progrès scientifiques et technologiques ainsi que de notre fascination à scruter l'astre du jour.

Guillaume Marmin est un artiste nantais qui conçoit des installations et des performances propices à l'exploration des liens entre lumière, son et espace. Influencé par le cinéma expérimental comme par l'art cinétique, il poursuit l'étude des formes en mouvement à la lueur des outils contemporains. Son travail s’inscrit dans un renouveau de la création visuelle en s’affranchissant des formes classiques de narration et des supports de diffusion traditionnels. Ses créations ont été présentées à travers le monde et plusieurs fois au festival Scopitone  (Raster, 2015 ; Licht mehr licht, 2017 ; Passenger, 2021). 


Installation de Guillaume Marmin

Création sonore : Motenai
Conseil scientifique : Lucie Leboulleux et Isabelle Bualé
Programmation informatique : Valentin Dupas
Production : YAM
Installation créée en collaboration avec l’Observatoire de Paris-Meudon et l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble. Avec l'aimable autorisation de la NASA/SDO et des équipes scientifiques de l'AIA, de l'EVE et de l'HMI.
© Photo : Martina Mlcuchova