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Du mer. 18 Au dim. 22 sept. 2024

Quand la Nature se soulève

Partie 2

Les conséquences écologiques provoquées par l'Humanité, nous remémorent notre fragilité face aux forces de la Nature. Si les promesses techno-solutionnistes et les fables d’un monde fantasmé n’y font rien (Marie-Julie Bourgeois, Homogenitus / Maxime Berthou, Paparuda), les artistes se sont emparé·es des technologies pour éveiller les consciences de façon poétique. Tantôt en soulignant le caractère immémorial du Vivant (Clément Edouard et Pierre Warnecke, Flux), tantôt en évoquant les conséquences de l’intervention humaine sur le cycle de la Nature (Vivien Roubaud, Salsifis douteux). Et de ce chaos, surgit parfois une beauté sauvage, une force brute, quasi mystique qui rappelle la vitalité et la résilience du Vivant (June Balthazard et Pierre Pauze, Mass ).

Marie-Julie Bourgeois (FR)

Homogenitus (2024) | Création

• Halles 1 & 2

Classifiés dans l’Atlas International des Nuages par l’Organisation Mondiale de la Météo, les homogenitus sont des cumulus générés par les activités humaines. Issue d’une recherche débutée en 2021, l’installation inédite Homogenitus explore cette idée à travers un dispositif interactif permettant la production de nuages à la demande à partir d’une application mobile. Le public peut modéliser son propre nuage, choisir sa forme et sa composition en fonction des données météo locales (humidité, température, pression..). 
Les utilisateur·rices de la machine à nuage génèrent ainsi un microclimat et se muent en apprentis géo-ingénieurs. Homogenitus souligne les  contradictions et les paradoxes au sein de nos idéologies technologiques : Comment le green washing, les bonnes intentions et les innovations peuvent aboutir à un potentiel désastre écologique ?

Marie-Julie Bourgeois est artiste numérique et designer. En 2018, elle soutient un doctorat en esthétique, sciences et technologies des arts sur les “Fictions solaires : les dispositifs qui simulent les comportements de la lumière du Soleil” à Paris 8. Elle enseigne à l’Université de Paris-Saclay et a cofondé le CondéDesignLab à l’École de Condé à Paris. Ses travaux s’intéressent aux phénomènes naturels, questionnent les enjeux climatiques et invitent à adopter un état méditatif et réflexif sur notre environnement (Nos Météores, 2020 ; Silence, 2019...). Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs lieux et événements en France (L’Ososphère à Strasbourg, la Biennale Némo à Paris ou la Biennale Art-Science de Grenoble).

Les artistes présenteront leur travail lors des Miniconférences de Scopitone, le vendredi 20 septembre  à 18h30 au Bras de Fer (20 Bd de la Prairie au Duc) :

Les Miniconférences de Scopitone 2024


Équipe artistique : Marie-Julie Bourgeois (DA et design), Roland Cahen (Composition sonore)
Équipe technique : Quentin Deyna (Mécatronique), Luca Dussouchaud (interface), Martin Saëz (Programmation sonore).
Production : CrossedLab
Partenaires : la Scène de Recherche, La diagonale Paris-Saclay

Maxime Berthou (FR)

Paparuda (2009-2012)

• Halles 1 & 2

Paparuda tire son nom d’un rituel de pluie païen d’Europe de l’Est mais aussi d’un incident géopolitique datant de 1946. A l’époque, les Etats-Unis durent faire face à une violente sécheresse et rependirent dans le ciel américain plusieurs kilos d’iodure d’argent. La manœuvre déclencha une pluie salvatrice mais eut des conséquences inverses sur une région du Canada. Si les nuages sont un rouage essentiel dans le cycle de l’eau, ils ne sont pourtant protégés par aucun statut juridique légal. 

En 2011, Maxime Berthou exécute une performance avec un dispositif similaire et retrace toute sa démarche dans un film. 15 ans après, les questionnements abordés par l’artiste sont plus que jamais d’actualité : Comment les nuages seront-ils perçus par les générations futures ? Doivent-ils être considérés comme un bien commun ou une ressource économique ? Peuvent-ils être dotés d’un statut juridique ? Poussant la métaphore à son paroxysme, Paparuda se matérialise, également dans un projet d’économie parallèle où l’artiste invite à financer des initiatives durables avec un “Cloud NFT” valorisé selon une certaine quantité d'eau potable. 

Maxime Berthou est diplômé de l'Ecole supérieure d’art d’Aix-en-Provence avant d'intégrer le Fresnoy Studio National des Arts Contemporains puis de suivre une formation pré-doctorale aux Arts Décoratifs de Paris. Sa pratique artistique consiste à réaliser des essais cinématographiques à partir de gestes performatifs comme dans plusieurs longs métrages Southwind (2022) ou Soutien de Famille (2022) réalisés avec Mark Pozlep. Quelle que soit la forme de ses créations, l'intention reste la même : celle de partager des enjeux complexes et indicibles. Maxime Berthou a été lauréat de la Fondation Andy Warhol et de la Villa Albertine en 2021.

L’artiste présentera son travail lors des Miniconférences de Scopitone, le vendredi 20 septembre  à 18h30 au Bras de Fer (20 Bd de la Prairie au Duc) :

Les Miniconférences de Scopitone 2024


Monsieur Moo / Maxime Berthou

 

 

Clément Edouard et Pierre Warnecke (FR/US)

Flux (2021-2022)

• Halles 1 & 2

Flux est une installation cinétique composée de roches suspendues mises en mouvement par un mécanisme simple. Cette œuvre de Pierce Warnecke et Clément Édouard raconte l’histoire d’un cours d’eau disparu. Par des jeux de mouvement, de lumière et de son, la roche révèle ici la mémoire que l’eau lui a laissée et retranscrit sa fluidité, sa vitesse et le parcours qu’elle a entamé du haut d’une montagne jusqu’à la mer. Les pierres, le tracé  topographique et les matières sonores, prélevés dans la rivière le Chassezac (principal affluent de l’Ardèche) deviennent les matériaux d’une subtile narration. Flux propose une compression spatiale et temporelle de la relation entre eau et roche, du granite des cimes au sable des deltas. Cette œuvre invite à une expérience sensible et imaginaire, soulignant l’interdépendance entre l’humain et le milieu ambiant. 

Compositeur, artiste sonore, Clément Edouard s’intéresse à la manière dont le son perturbe nos états de conscience et modifie notre rapport aux lieux, aux temps, à tout ce qui nous entoure. Il crée des dispositifs sonores immersifs, qui relie matière, humain et sensible, dans un temps de rencontre et de transformation. Sa création SEUIL (2022), présentée à Stereolux en mars dernier, nous invite à visiter un entre deux mondes, plateaux vibrant, respiration lumineuse, hexaphonie et ensemble vocal nous accompagne vers un état hypnagogique.

Pierce Warnecke est un artiste numérique qui travaille à la fois dans les domaines sonores et visuels. Ses projets croisent musique expérimentale, arts numériques et vidéo. Ils sont influencés par les effets du temps sur la matière et les limites de l’expérience sensorielle. En parallèle, il collabore avec des artistes tels que Frank Bretschneider ou Matthew Biederman. Il a présenté ses œuvres à MUTEK ou à Elektra et publié son travail sur Sedition, Room40 et raster-media.


Création 2021/22
Conception : Pierce Warnecke & Clément Edouard 
Construction, collaboration artistique : Guillaume Cousin 

Production MAGE
Co-production : PUZZLE - Ville de Thionville
Accueils en résidence : VidéoFormes , PUZZLE, Communauté de commune Pays des Vans en Cévennes

Projet soutenu par la Région et la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes/SCAN, et le département de l'Ardèche

Vivien Roubaud (FR)

Salsifis douteux (2023)

• Halles 1 & 2 

Des boutons de Tragopogon dubius - une plante communément appelée Salsifis douteux proche du pissenlit (grande famille des astéracées) , que l’artiste récolte lui-même - sont ici conservés dans des sacs sous vide entreposés dans un réfrigérateur. Le visiteur·euse est invité·e à s’emparer d’un de ces boutons et à le placer sur un des trois dispositifs. En actionnant simultanément les interrupteurs présents sur la sculpture, des zones de chauffes spécifiques et un air exempt d'humidité déclenche l’épanouissement du fruit du salsifi : en seulement quelques dizaines de secondes son pappus est entièrement déployé . Témoin d’une magie rare car imperceptible de l'œil humain, le·la visiteur·euse pourra répartir avec cette fleur ou bien choisir de la laisser au pied du dispositif. Celles qui joncheront ce sol stérile seront piétinées, leur graines disséminées dans une vaine tentative de germination. Salsifis douteux joue donc sur un paradoxe : le caractère brutal de l’intervention humaine sur le cycle de la nature vient se heurter à la beauté éprouvée devant l’épanouissement d’une fleur.

Vivien Roubaud est diplômé de l'École nationale supérieure d'art de la Villa Arson à Nice. Il cherche à extraire des qualités inutilisées ou des propriétés cachées des objets qui nous font vivre. Ses créations recréent fréquemment des micro-phénomènes ou microcosmes. Poussières ou pollens, pièces détachées d'imprimantes ou de congélateurs sont mis à contribution pour créer des installations hybrides souvent en équilibre sur le fil d'une technique (Pollen de peuplier, soufflerie, centre-mètres cubes d'air, deux-cent-vingt volts, 2010 ; Flux d'airs, four centrifuge, sableuse, atmosphère protégé, courants électriques, sucre cristal, 2017). Le travail de Vivien Roubaud a été présenté au 104 à Paris, au Pavillon de Namur ou dans le cadre de Lille 3000. 


Cette pièce a été produite pour la première fois dans une exposition en 2022 avec la galerie In Situ Fabienne Leclerc.  
Remerciements : Le Pavillon Namur et le KiKK festival pour avoir permis de continuer cette recherche et d’installer ce travail pour l’exposition #CAPTURE2 en 2023.

June Balthazard et Pierre Pauze (FR)

MASS (2020)

• Halles 1 & 2

Certaines anciennes mythologies considéraient l’Æther (prononcez éther) comme l’élément originel de l’Univers. Parfois évoquée comme la “substance de dieu”, l’Æther a trouvé un nouvel écho lors de récentes découvertes de la physique quantique. Avec l’installation Mass, les artistes June Balthazard et Pierre Pauze tissent une histoire à mi-chemin entre réalité et science-fiction.

Une première vidéo présente trois personnages, une physicienne du laboratoire du CERN, un ermite retiré dans une forêt du Morvan et un alchimiste vivant dans un château templier. Tous·tes recherchent l’existence de cette matière invisible. Une deuxième vidéo explore la notion de cosmos en écho à une sculpture, sorte de relique archéologique, exposée dans, la pièce. Dans un contexte de bouleversements écologiques, cette fable métaphysique connecte d’une manière  mystique et poétique l’humain à la Nature. 

Après un parcours commun au Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, June Balthazard et Pierre Pauze ont développé une pratique d’exploration des mondes symboliques, fictifs et réels.

June Balthazard réalise des films hybrides. Son geste documentaire se confronte à des formes plus lointaines de la réalité, comme dans son film Le Baiser du Silure (2018). Son travail est présenté dans de prestigieux festivals et établissements culturels (Musée des Beaux-Arts de Taipei, Melbourne International Film Festival, Festival international du film de Busan...).

Pierre Pauze développe des protocoles d’installation et de vidéo proches de la culture cinématographique. Il s’intéresse aux croisements  disciplinaires : la biochimie, Please Love Party (2019), la science ou le gaming, xSublimatio (2021). Ses œuvres sont programmées dans de nombreuses institutions internationales (Grande Halle de la Villette à Paris, Musée Es Baluard de Palma de Majorque, Musée K d’art contemporain à Séoul...).

Les artistes présenteront leur travail lors des Miniconférences de Scopitone, le vendredi 20 septembre  à 18h30 au Bras de Fer (20 Bd de la Prairie au Duc) :

Les Miniconférences de Scopitone 2024


L’installation Mass a été présentée en première mondiale à la Biennale de Taipei 2020, sous le commissariat de Bruno Latour et de Martin Guinard Terrin. La troisième et dernière partie a été créée à l’occasion du festival Le Nouveau Printemps 2024 et a reçu le soutien de la Fondation des Artistes.